Menu

Grand Angle

Rif : La contestation demande l’abrogation d’un Dahir royal déclarant en 1958 Al Hoceima «zone militaire »

Dans le Rif, la contestation ne faiblit pas. Ses auteurs, en réclamant la «démilitarisation d’Al Hoceima» déclarée en 1958, reprennent à leur compte une vieille revendication de la société civile.

Publié
Des hommes en deuil portent le cercueil de Mohcine Fikri à Al Hoceima. / Ph. Reuters
Temps de lecture: 2'

Les organisateurs de la «Mobilisation du Rif», à défaut de pouvoir manifester dans les rues en raison de l’interdiction par les autorités de leur sit-in du 4 janvier, innovent à travers une autre forme de contestation. Ils brandissent cette fois le slogan de la «démilitarisation d’Al Hoceima».

Une revendication qui a pris sa source sur les réseaux sociaux, avant de se propager dans les artères de la ville via des pancartes. Bien entendu, les forces de l’ordre sillonnent les rues pour retirer rapidemment les affiches. Par cette initiative, les Rifains redonnent vie à une très vieille revendication du tissu associatif local.

En 1958, Al Hoceima déclarée «zone militaire»

La proclamation d’Al Hoceima en tant que «zone militaire» fait suite à la publication, le 24 novembre 1958, du Dahir royal n°1.58.381, soit deux semaines seulement après le soulèvement du 11 novembre de la même année.

A l’époque, les protestations des Rifains étaient pacifiques. Un mémorandum composé de 18 points avait été rédigé à l’intention de Mohammed V réclamant que justice soit faite ainsi que des réformes et, surtout, le retour de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi de son exil en Egypte.

Seulement, les événements avaient pris une tournure tragique. Des sections du Parti de l’Istiqlal, pointé du doigt pour sa responsabilité présumée dans l’assassinat d’Abbas Messaâdi en juin 1956, avaient été incendiées et des soldats des FAR stationnés dans la province emprisonnés. Vers la fin de janvier 1959, la révolte fut étouffée par une force composée de 30 000 hommes et conduite par le prince héritier Moulay Hassan.

Cinquante-neuf ans plus tard, des Rifains demandent l’abrogation du Dahir de 1958 en faveur d’un autre décret, considérant cette fois-ci la région comme zone sinistrée et devant avoir la priorité dans les programmes du développement du gouvernement.

Mais le slogan de la «démilitarisation» n'a été repris que tardivement par certaines têtes d’affiche de la «Mobilisation du Rif». En effet, les premiers à l’avoir ressuscité sont les partisans séparatistes du «Mouvement du 18 septembre». Ce fut en novembre 2016, soit quelques jours avant même la commémoration du 40e jour du décès de Mohcine Fikri.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com