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Grand Angle

Kabbadj et Fizazi réagissent à l'interdiction de la "burqa" au Maroc

Plusieurs couturiers et commerçants d’habits traditionnels ont reçu l’ordre de se débarrasser de toutes les burqas (ou voile intégral) en leur possession dans un délai de 48 heures. Les agents du ministère de l’Intérieur les ont également informés de l’interdiction d’en produire ou d’en vendre, sous peine de saisie de la marchandise.

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"La décision du ministère de l’intérieur qu’elle juge d’arbitraire et portant atteinte aux droits des femmes à s’exprimer et s’habiller librement." / Ph. AFP
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Une décision qui fera date. Les agents du ministère de l'Intérieur ont fait la tournée des revendeurs de voile intégral (en arabe dans le texte "burqa") pour leur notifier l'interdiction immédiate de la vente et la destruction du stock. Les documents informant de cette nouvelle interdiction ont circulé sur les réseaux sociaux suscitant une série de réactions partisanes et opposées.  Les réactions ont fusé notamment au sein de la sphère islamiste concernée au premier chef. Nous avons choisi de recueillir les réactions de quelques figures du salafisme au Maroc.

Kabbadj :Une interdiction pour estomper le blocage du gouvernement

Hammad Kabbadj, dont la candidature aux élections législatives a été rejetée par le ministère de l’Intérieur, car jugé extrémiste, trouve qu’il est injuste d’interdire le voile intégrale alors que le port du maillot «occidental» sur les plages est considéré comme un droit inaliénable. «C’est inacceptable de défendre aux citoyennes de porter le niqab oriental, comme d’interférer dans sa commercialisation», s’indigne le salafiste. Dans une récente publication sur Facebook, ce membre du parti de la Justice et du Développement juge que cette interdiction va à l’encontre de la Loi et des Droits de l’Homme.

«Selon mon appréciation personnelle, dit-il, c’est un comportement pervers des pouvoirs publics influents, les mêmes qui avaient orchestré la fameuse "manifestation de Casablanca" contre Abdelilah Benkirane.»

D’un point de vue religieux, il ajoute que le niqab marocain (un ensemble de capuche et de voilette) est préférable pour celles désirant se voiler le visage aux autres modèles. Il réplique : «Il est faux de penser que le voile intégral est un radicalisme, c’est au contraire une vertu faisant l’unanimité de nos imams malékites qui l'acceptent». Ce vêtement est donc permis, conclut-il avant d'alerter les citoyens sur une polémique qui n'est qu'une tentative de diversion pour camoufler le blocage du gouvernement.

Fizazi : "La burqa n’est pas un vêtement marocain"

Mohamed Fizazi ne désapprouve pas l’interdiction du moment que les Marocaines peuvent toujours porter le hijab et "niqab marocain" largement utilisé dans des régions telles que le Sahara ou le Souss, ou encore dans la ville de Fnideq par exemple. Contacté par Yabiladi, il déclare : «Le vêtement est une caractéristique culturelle. Je réprouve l’importation d’autres cultures qui effaceront la culture locale. Je ne suis pas obligé de porter un habit d’Afghan, surtout que nous avons déjà le burnous, la djellaba, etc.»

Le prédicateur assure ne pas comprendre la raison principale de l’interdiction de la burqa, du moins n’arrive-t-il pas à trancher sur les motivations de l'interdiction du voile intégral, oscillant entre symbole du djihadisme terroriste et atteinte aux traditions marocaines. Aussi conclut-il :

«Mon épouse porte une voilette et une djellaba et personne ne s’est jamais opposé à cela.»

Société civile : Atteinte aux conventions internationales

La société civile a été également prompte à réagir, l’ONDH (Observatoire du Nord des droits de l'Homme)  publiant un communiqué le jour même. L’association condamne la décision du ministère de l’Intérieur qu’elle juge «arbitraire et portant atteinte aux droits des femmes à s’exprimer et s’habiller librement. L’habit étant un moyen d’expression de leurs identités, et convictions culturelles, politiques et sociales».  

L’observatoire ajoute que la décision est en contradiction avec «les conventions internationales dont le Maroc est signataire. La décision du ministère de l’Intérieur est considérée comme illégale et nulle car ne s’appuyant sur aucun texte juridique. C’est une tentative de conformisme imposé à la société marocaine par les parties derrière cette décision souhaitant attaquer la diversité et sévir contre les libertés».

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