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Grand Angle

Réactions épidermiques suite à l'intervention d'une femme voilée face à Manuel Valls sur France 2

Hier sur France 2, Manuel Valls a échangé avec une jeune femme, musulmane et voilée. Les commentaires postés sur les réseaux sociaux trahissent une faille : en France, une femme voilée qui sait défendre sa position peut parfois déclencher une réaction épidermique.

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L'intervention d'une femme voilée face à Manuel Valls sur France 2 ne passe pas inaperçue. / Ph. Capture d'écran
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Le voile est-il une obsession française ? En observant le débat qui a réuni, hier dans «l'Emission politique» de France 2, l'ancien Premier ministre Manuel Valls à une jeune entrepreneure musulmane, la question mérite d'être à nouveau soulevée.

Attika Trabelsi, membre de l’association féministe Lallab, fondatrice de la société Fez Online pour faire connaître l'artisanat marocain, a témoigné des discriminations vécues par les femmes musulmanes voilées en France. «Je ne sais pas si vous en êtes conscient Monsieur Valls, mais en tant que représentant de l'Etat vous légitimez des discours qui engendrent des violences à mon égard», raconte la jeune femme, en référence aux propos de Manuels Valls tenus lors d'un meeting en août dernier. «Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu'elle nourrit le peuple. Elle n'est pas voilée, parce qu'elle est libre», avait-il lancé sous une salve d'applaudissements.

Pendant une dizaine de minutes, la militante associative revendique un féminisme musulman, soucieuse de montrer la pluralité des femmes en islam. «Je suis pour un féminisme qui permettrait aux femmes d'être librement ce qu'elles veulent être», insiste-t-elle lors du débat, ponctué d'échanges relativement cordiaux.

Lallab en lien avec les Frères musulmans ?

En réalité, c'est sur les réseaux sociaux que le ton est monté. En premier lieu, la journaliste Françoise Laborde, anciennement au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), n'y est pas allée avec le dos de la cuillère.

Créé en 2005, le Bondy Blog est pourtant un média en ligne sérieux qui a pour objectif de raconter les quartiers populaires et de «faire entendre leur voix dans le grand débat national». Pis encore, une autre internaute va même jusqu'à soupçonner l'association Lallab d'être proche des Frères musulmans et de l'association Coexister, qui revendique le pluralisme religieux et culturel en France. D'autres accusent la chaîne publique d'être le «porte-parole des Frères musulmans».

Ailleurs, Attika Trabelsi est même amputée de son nom et prénom, au profit de «la voilée».

Des attaques incompréhensibles au vu de la teneur du débat qui semblait pourtant aborder des sujets d'actualité dans le respect. Ces réactions épidermiques, violentes, et parfois même racistes, révèlent l'hystérie qui s'est emparée d'une partie de la France sur la question du voile et la place des Françaises de confession musulmane dans la société. Cette polémique autour de la participation de Attika Trabelsi dans «l'Emission politique» rappelle la levée de bouclier qui a suivi l'échange musclé entre Wiam Berhouma et Alain Finkielkraut sur France 2. Certains ne semblent guère digérer le culot de femmes françaises d'origine maghrébine intervenant face à l'élite politique ou intellectuelle. 

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