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Grand Angle

Benhamza : Quand une famille marocaine mettait en scène la mort de son fils pour lui éviter la case prison

En 2011, la famille Benhemza fabriquait de toutes pièces la mort de son fils Hassan, accusé d’avoir tué son ami, pour lui éviter une longue peine d’emprisonnement. L’enquête a révélé par la suite la mise en scène orchestrée par cette famille, qui a dû payer cher une complicité que le sang n’excuse pas.

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Hassan Benhemza a tué son ami Mehdi Ettir après une bagarre le 27 mars 2011. / Ph. AFP
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Dénoncer ou couvrir ? Telle est la question que s'est vite posée la famille Benhamza, face à laquelle les parents et les frères du jeune Hassan, poursuivi par un mandat d’arrêt international, ont dû trancher. Ils ont donc inventé sa mort pour lui éviter la prison. L’histoire de cette famille marocaine, accusée de faux et usage de faux dans le meurtre d’un autre jeune homme, vient d'être déterrée ce mercredi par les médias français.

Le 27 mars 2011, le corps de Mehdi Ettir, lardé de cinq coups de couteau, gît sans vie sur un trottoir de la rue Louis-Bonnet à Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, rappelle Le Point. La victime avait 23 ans au moment du crime. A l'origine du drame, un différend entre amis de longue date suite à une histoire... de chien, poursuit le magazine. Le jeune Mehdi aurait pris le dessus dans une bagarre qui avait éclaté la veille.

Les soupçons des enquêteurs se portent immédiatement sur Hassan Benhamza, qui prend la fuite en juillet de la même année. L’accusé se rend au Maroc où habite son père, un haut fonctionnaire au sein de la police marocaine. Ce dernier avait hébergé son fils fugitif dans une ferme, avant de déclarer plus tard avoir appris sa mort.

La justice avant le sang

Sa famille avancera que Hassan s’est suicidé sous le poids du remord. Son frère Zakaria s'est même présenté à la brigade criminelle à Paris, muni d'un acte de décès dûment libellé, indiquant que son aîné venait de décéder au Maroc. Or, les écoutes téléphoniques des enquêteurs finissent par démêler la mascarade.

Si Hassan a pris la fuite pour ne pas avoir à répondre de son acte, sa mère, Fatima L. (61 ans), ses deux frères, Zakaria et Charif Othmane, et son ancienne petite amie Barbara ont pris sa place sur le banc des accusés, mardi dernier, au tribunal correctionnel de Paris. «La maman d'Hassan paye avec courage la lâcheté d'un fils qu'elle pensait pouvoir défendre jusqu'au bout», a dit son avocate, Me Coutrot-Cieslinski. Ce à quoi la procureure a répondu qu’«il faut parfois faire la balance entre une morale familiale, une morale du cœur et les exigences de la vie en société». Et d’estimer que «cette fois-ci, les limites ont été franchies».

Le verdict est tombé le soir même, comme un couperet. L’un des frères de Hassan a écopé de quinze mois de prison ferme. Sa mère, son autre frère et son ex-copine sont condamnés chacun à douze mois de prison avec sursis pour «faux témoignages» et «faux et usage de faux». Le père «n'a jamais été inquiété, pour d'obscures raisons diplomatiques», commente l’hebdomadaire.

La famille du jeune homme tué ne s’est néanmoins pas remise de sa douleur. «Nous n'avons toujours pas fait notre deuil tant que justice n'est pas faite», affirme sa sœur au Parisien. «J'attends encore que le meurtrier de mon frère assume, un jour, son acte et se présente à la justice française. C'est notre souhait le plus cher», a-t-elle déclaré. Cela fera bientôt six ans que Hassan Benhamza, recherché pour ce crime, est toujours dans la nature.

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