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Grand Angle

Maroc : La philosophie jugée « contraire à l’Islam » par un manuel islamique, indignation des professeurs

Des professeurs de philosophie ont décidé d’organiser des sit-in les 21, 22 et 23 décembre 2016, pour protester contre le contenu du manuel d’éducation islamique, «Manar At tarbia al islamiya». Ce manuel de première année, au programme du baccalauréat 2016-2017 comporterait un passage «diffamatoire» envers la discipline. Détails. 

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Le débat entre éducation religion et éducation laïque est de nouveau ouvert. / DR
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Le chapitre «Philosophie et foi», au coeur de la polémique, condamnerait la philosophie qu’il considérerait comme «une production de la pensée humaine contraire à l’Islam» et «l’essence de la dégénérescence». «C’est une matière de confusion et d’égarement qui est motivée par la perversion et le blasphème», peut-on également lire dans le manuel, dénonce Ibtissam Lachgar, co-fondatrice du M.A.L.I - Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles - sur son compte Facebook.

Les enseignants condamnent des «passages injurieux» et «dangereux» qui témoignent d’une méconnaissance des pratiques philosophiques, mais également d’un évident mépris de la discipline. Ils rappellent l’intérêt des débats organisés en classe qui ont pour mission de former l’esprit critique et la pensée des élèves, et de les rendre aptes à appréhender les nouvelles questions de société.

Un livre pourtant réédité pour la rentrée scolaire 2016-2017

Ce livre avait pourtant été validé par le Conseil supérieur des oulémas, et réédité au début de l’année scolaire, suite à l’instruction du Souverain pour que soit bannie des manuels d’éducation religieuse toute mention de violence, racisme ou intolérance. Les livres devaient, à la place, être enrichis de concepts prônant des valeurs de respect et de droits de l’Homme.

«Al Manar de l’éducation islamique», s’appuierait notamment sur des arguments portés par une des figures du salafisme, Ibnou As-Salah Ach Chahrazouri, lequel jugerait la philosophie comme «le summum de la dépravation et la démence», rapporte L’Économiste.

Ce contenu inquiète le corps enseignant et ouvre à nouveau le débat sur l'instruction religieuse. Le M.A.L.I, mouvement féministe, universaliste et laïc, va plus loin et dénonce ainsi l’éducation islamique, contraire au principe fondamental de laïcité de l’école publique. Il rappelle que l’école devrait avoir pour vocation de partager et d’inculquer les valeurs universelles des droits humains, auxquelles ne peut prétendre l’instruction religieuse.

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