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Interview

Saad Chlyeh : L’animation 3D, un secteur « assez restreint » qui « peine à prendre son essor »

Secteur qui existe depuis plusieurs années, l’animation 3D au Maroc est un marché prometteur qui a de l’avenir et des perspectives pour se diversifier et prendre de l’ampleur. Pour en savoir plus, Yabiladi a interviewé l’un des spécialistes du domaine. Ancien artiste 3D à Sigma, puis co-fondateur et associé au studio Mamooth, Saad Chlyeh est actuellement superviseur et directeur de l’entreprise Pix And Love, elle-aussi spécialisée dans l’animation 3D. Interview.

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L'animation 3D au Maroc. /Ph. Capture d'écran
Temps de lecture: 3'

Comment se porte le marché de l’animation 3D au Maroc ?

L'animation 3D reste un secteur de production et de post-production audiovisuelles assez restreint au Maroc, et peine à prendre son essor. Ceci est dû notamment au fait que la 3D se limite quasiment au seul marché de la production publicitaire à travers les agences de communication essentiellement. Contrairement aux grands pays producteurs, où l'animation 3D s'étend sur des univers plus diversifiés comme le cinéma, la série, le court métrage, le jeu vidéo, les écoles d'animation, etc. La principale raison est, entre autres, les coûts de fabrication de l'animation 3D, qui sont relativement élevés et très peu abordables aux budgets alloués aux productions cinématographiques et télévisuelles marocaines. S'ajoute à cela d'autres raisons d'ordre culturel car, comme nous le savons bien, le Maroc a un rapport relativement jeune avec le monde de l'image de synthèse en général et celui de l'animation en particulier.

Quelle période a marqué le début de l’animation 3D au Maroc ?

L'animation 3D a commencé assez tôt au Maroc, c'est-à-dire entre la fin des années 90 et le début des années 2000 à Casablanca, dans la société de production Sigma Technologies dirigée à l'époque par Fayçal Laâraïchi (actuel président de la société nationale de radiodiffusion et de télévision et de Soread 2M, ndlr). Pour répondre à une demande publicitaire, l’agence a recruté un spécialiste français qui s'appelle Philippe Recalt. Ce monsieur a été donc le précurseur de l'animation 3D au Maroc. Il avait initié et accompagné plusieurs collègues à lui, dont moi-même, qui ont percé par la suite dans ce domaine.

Mais ce marché a-t-il des perspectives d'avenir ?

Pour le moment, la publicité reste un marché stable pour le domaine de l'animation et il n'y a aucune raison que cela s'arrête. Cependant, on ne pourra parler réellement de perspectives d'avenir que le jour où de nouveaux marchés s'ouvriront sous une forme plus industrialisée comme le cinéma ou les séries TV. De mon point de vue, et j'espère sincèrement me tromper, mais cela ne risque pas de se produire demain.

Selon vous, quels sont les difficultés rencontrées dans le secteur de la 3D ?

Une des difficultés est le manque considérable de ressources humaines qualifiées dans le domaine. Il faut savoir que pour produire quelques secondes d'animation de qualité professionnelle, il faut réunir pendant plusieurs jours toute une équipe d'artistes et de techniciens regroupant plusieurs corps de métiers différents. Il n'existe aucune école spécialisée au Maroc, les seules ressources humaines disponibles sont une petite poignée d'artistes autodidactes et quelques rares lauréats d'écoles étrangères qui sont rentrés au Maroc. 

Une autre difficulté est le manque de sensibilité de certains annonceurs quant aux exigences des délais de fabrications. Nous sommes souvent confrontés à des demandes où les délais sont surréalistes et ne tiennent pas comptes des règles de l'art en matière de timing. Nous essayons de gérer cela au mieux, mais il arrive qu’on refuse des projets à cause de ces exigences.

Saad Chlyeh./ Ph. Facebook

Peut-on dire que l’animation 3D est concurrentielle au Maroc ?

Pas tellement, puisque les entreprises d'animation professionnelles dans la place se comptent sur les doigts d'une main. Bien que certaines de ses entreprises adoptent une politiques très concurrentielle pour s'accaparer le marché, d'autres préfèrent adopter un esprit de collaboration et de partenariat et n'hésitent pas à créer une synergie avec d'autres boites. Le but étant de garantir une qualité supérieure à leurs clients et une bien meilleure productivité.

Ces dernières années, une autre technologie a fait son apparition en masse, notamment sur les réseaux sociaux, qui est la réalité virtuelle. Comment se porte ce marché ?

La réalité virtuelle désigne les nouvelles technologies de visualisation en 360 degrés via les casques VR, les techniques d'hologrammes, et la réalité augmentée, entre autres. Il n’y a aucun secteur économique pour qu’on puisse parler de marché, à part les particuliers qui achètent les casques VR pour s’amuser.

Il est vrai que le Festival international du cinéma d’animation de Meknès (FICAM), proposait de tester les casques VR comme attraction. A l’époque, on avait développé un produit pour le festival seulement. Mais cette technologie est encore récente, et donc il n’y a pas encore de demande réelle pour ce genre de contenu.

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