Maladie cœliaque au Maroc : Ce qu’il faut savoir sur l’intolérance au gluten

L’intolérance au gluten n’est pas une allergie, mais une maladie auto-immune causée par une atrophie villositaire où le système immunitaire attaque les villosités intestinales. Des villosités qui permettent l’absorption des vitamines et certains nutriments, explique le docteur Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et vice-présidente de l’Association marocaine des intolérants au gluten (AMIAG). 

Symptômes et diagnostic

La maladie cœliaque est multifactorielle avec des facteurs génétiques et d’autres environnementaux qui, une fois croisés, déclenchent cette maladie survenant à tout âge. Le rotavirus et le déséquilibre de la flore intestinale (les micro-organismes qui colonisent le colon et l’estomac) peuvent aussi provoquer cette maladie, nous explique l'interniste. Elle ajoute que l’intolérance du gluten peut se manifester typiquement à l’introduction du gluten dans l’alimentation de l’enfant par notamment des douleurs abdominales, des diarrhées ou un ballonnement.

Le médecin note que dans 80% des cas, les symptômes se manifestent hors la sphère digestive. «Cela peut être une anémie à répétition, une fatigue chronique, des troubles de la mémoire et de la concentration, une diminution de la calcémie, une douleur articulaire et musculaire, un amaigrissement ou l’opposé : une obésité», nous confie-t-elle. Plus loin, des troubles de règles (aménorrhée), une stérilité chez l’homme et chez la femme, mais aussi des avortements à répétition, peuvent révéler une maladie cœliaque. Des symptômes cutanés peuvent également détecter l’intolérance au gluten (ecchymoses et dermatite herpétiforme).

«Cependant, ce ne sont qu’une partie infime des symptômes, car la maladie apparaît également chez les adultes entre 20 et 30 ans et dans 20% des cas, diagnostiquée chez les sujets âgés de 60 à 65 ans et même plus», poursuit Khadija Moussayer.

Le diagnostic se base, quant à lui, sur un bilan qui cherche les auto-anticorps, complété par une biopsie duodénale (lieu de l'absorption pour voir l'état des villosités intestinales). «Si la maladie n’est pas proprement diagnostiquée et traitée, ajoute la spécialiste, elle entraîne en outre des troubles symptomatiques, l’épilepsie ou des convulsions, une atteinte au niveau du foie et une déminéralisation des os». Ces complications peuvent aller jusqu’à développer des cancers au niveau du tube digestif. Chez les enfants et en absence de diagnostic et de traitement, la croissance peut être affectée, entraînant ainsi une petite taille à l'âge adulte.

En mode gluten-free

Mais toute maladie a son remède. Pour la maladie cœliaque, le traitement consiste en un régime sans gluten (gluten-free) contenu dans le blé, l’orge et leurs dérivés. Ces sources de lipides sont remplacées par le maïs ou le riz. «Maintenant, grâce au travail des associations, il y a tout ce qu’il faut en matières premières (farine sans gluten), des plats et des biscuits», assure la vice-présidente de l’AMIAG.

Les légumineuses sont un allié des régimes gluten-free avec une gamme assez large : les haricots (blancs, rouges, noirs, coco, borlotti, azuki), les pois (petits pois, cassés verts ou jaunes, chiches), les fèves (rouges, vertes, noires), le soja (jaune, vert et noir) et les lentilles (brunes, vertes, rouge, corail). Or, les marques commercialisées au Maroc se retrouvent souvent au-dessus des moyens de la classe moyenne. Il faut donc acheter les denrées brutes ou moulues (riz, maïs) et composer ses plats.

La gamme alors est large et le régime auquel se soumet un patient cœliaque est quasi identique à celui de toute autre personne. Dernier soucis à régler : l’organisation, afin de mieux gérer ce régime. Quelques compétences culinaires sont alors nécessaires. Heureusement, grâce notamment aux réseaux sociaux, les initiatives pour préparer ces recettes restent nombreuses.