Podemos, le parti d’extrême gauche se montre plus exigeant que les autres forces politiques traditionnelles quant à l’avenir de Ceuta et Melilla. Si la formation de Pablo Iglesias soutient les aspirations indépendantistes des Catalans, sa section à Ceuta plaide pour un changement radical du cadre juridique des deux villes ayant le statut de «villes autonomes», alors que l’Espagne est divisée en 17 «communautés autonomes» : Andalousie Aragon Asturies ; Îles Baléares ; Iles Canaries ; Cantabrie ; Castille-León ; Castille-La Manche ; Catalogne ; Estrémadure ; Galice ; Communauté de Madrid ; Murcie ; Navarre ; Pays basque ; La Rioja et Communauté valencienne.
L’histoire, la culture et la religion divisent les habitants de Ceuta et Melilla
La loi fondamentale de 1978 a précisé dans l’alinéa 1 de l’article 143 que «dans l'exercice du droit à l'autonomie reconnu à l'article 2 de la Constitution, les provinces limitrophes présentant des caractéristiques historiques, culturelles et économiques communes, les territoires insulaires et les provinces constituant une entité régionale historique pourront accéder à l'autogouvernement et se constituer en communautés autonomes conformément aux dispositions du présent titre et de leurs statuts respectifs». Sauf que ni Ceuta ni Melilla ne remplissent ces critères. L’histoire, la culture et la religion divisent les habitants des deux villes entre une population autochtones aux origines marocaines et les descendants des colons espagnols.
Néanmoins, le législateur espagnol n’a pas fermé définitivement la porte devant les ambitions des politiques de Ceuta et Melilla à se constituer en une «communauté autonome». «L'initiative du processus d'autonomie incombe à tous les conseils de province intéressés ou à l'organe interinsulaire correspondant et aux deux tiers des communes dont la population représente au moins la majorité du corps électoral de chaque province ou île. Ces conditions doivent être accomplies dans un délai de six mois après le premier accord adopté à ce propos par l'une des collectivités locales intéressées», prévoit l’alinéa 2 de l’article 143 de la constitution.
Podemos plus conservateurs que le PP
La position défendue par le représentant de Podemos à Ceuta lors d'un débat sur une chaîne locale ne constitue pas une surprise. La section n’est d'ailleurs pas à son premier coup d’essai. Elle avait eu l’occasion d’exprimer, en décembre 2015, son hostilité à un tweet d’une section de Madrid de la formation d’extrême gauche, appelant à restituer Ceuta et Melilla au «peuple marocain, voisin et frère». Un premier pavé jeté dans la marre. La direction du parti ne partageant pas l’avis de ses militants de la capitale trop zélés avait ensuite invité à l'ouverture d’un débat sur l’avenir politique des deux villes.
Podemos-Ceuta prétend que le statut de «communauté autonome» est la meilleure arme pour «défendre l’espagnolité (des deux villes) face aux demandes annexionnistes du Maroc». Ni le PP, ni le PSOE ne sont allés aussi loin dans leurs rejets à la rétrocession de Ceuta et Melilla à Rabat.
L’Union européenne ne considère pas les deux villes comme faisant partie de ses frontières. Et il en est de même pour l’OTAN, et ce, malgré la pression de l’Espagne.