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Interview

Maroc : Khalid Sefiani évoque « la possibilité de déposer une plainte contre la délégation ayant visité Israël » [Interview]

La visite d'une délégation marocaine, il y a quelques jours, en Israël et ses rencontres avec des responsables de l'Etat hébreux est au cœur d’une polémique au Maroc. Les détracteurs des membres de cette délégation vont jusqu’au point de les accuser de «trahison» et de «conspiration». Avec l’annonce du retour de ces membres au Maroc, l'avocat Khalid Sefiani, coordinateur du Groupe d’action nationale pour le soutien à la Palestine et à l’Irak, affirme que la possibilité de déposer une plainte contre ces personnes a fait l’objet de discussions au sein de cette ONG. Interview.

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Khalid Sefiani, coordinateur du Groupe d’action nationale pour le soutien à la Palestine et à l’Irak. /DR
Temps de lecture: 4'

Quelle est votre position quant à la visite de la délégation marocaine qui vient de rentrer d'Israël il y a quelques jours ?

Nous étudions toutes les possibilités, y compris le dépôt d’une plainte contre ces personnes. Dans le code pénal, il y a un article qui évoque des sanctions contre les Marocains qui entretiennent «des intelligences avec une autorité étrangère». Même si nous ne reconnaissons pas que cette entité en tant qu’Etat mais sa visite reste plus dangereuse dans la mesure où c’est un ennemi et une entité raciste, qui pratique du terrorisme contre le peuple, la terre et les saintetés de la Palestine. Donc toute visite est une apologie du terrorisme, qui est un crime selon le code pénal. Ce que je voudrais souligner c’est que nous étudions toutes les possibilités, et nous prendrons la bonne décision au bon moment.

Ces personnes ont choisi de programmer leur visite pour qu’elle coïncide avec la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Parallèlement, nous avons choisi au sein du Groupe d’action nationale pour le soutien à la Palestine et à l’Irak de célébrer cette journée à travers une grande exposition qui a connue la participation d’Oumayma El Khalil (artiste libanaise connue pour sa défense de la cause palestinienne, ndlr) et les dirigeants de diverses organisations qui sont tous venus pour la cause palestinienne.

Mais les membres de ladite délégation ont affirmé, dans des déclarations à la presse, qu’Israël n’est pas un ennemi et qu’ils se sont déplacés pour la défense de l’intégrité territoriale du Maroc. Qu’est-ce que vous en dites ?

Personne ne leur a confié cette mission de visiter la «Knesset» (parlement israélien, ndlr), pour défendre notre intégrité territoriale. D’autre part, l'entité sioniste et son projet pronnent la segmentation plutôt que l'unification. Ils veulent diviser les pays arabes. Ceci dit, les sionistes ne peuvent pas être avec nous, même ceux prétendant aimer le Maroc. Ceci a été flagrant à plusieurs occasions qui ont pu révéler que les sionistes ne veulent que détruire les pays arabes.

D’ailleurs, ceux entretenant des relations avec les renseignements israéliens ne cessent de répéter que le Maroc est un pays amazigh ou un pays arabe, afin de créer la discorde, au moment où le Maroc est le pays de tous les Marocains et qu’il n’y a pas de différence entre un citoyen habitant à Smara et un autre habitant à El Houceima. Ceux qui défendent l’intégrité territoriale d'un pays ne préconisent pas le sectarisme.

Il y a même certains membres de ladite délégation qui sont arrivés au point de déclarer qu’Israël est l’ami des Amazighs alors que nous savons que ce mot signifie homme ou femme libre. Donc aucun Amazighs ne peut être national et libre, défendant son pays et son identité et en même temps être un porte-parole de la scission et un soutien au terrorisme. S'ils affirment que nous sommes des amis de l’Etat sioniste, cela signifie finalemrnt de dire que le roi Mohammed VI n’est pas le président du Comité Al-Qods et qu’il ne travaille pas pour la libération de Jérusalem.

Quel message adressez-vous aux Amazighs qui défendent une normalisation avec Israël ?

Il suffit de rappeler à ces gens-là que Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi était un homme amazigh libre et fondateur du Bureau du Maghreb arabe au Caire après son asile en Egypte. Il recevait dans ce bureau les cellules armées qui se consacraient à défendre la cause palestinenne. Les dirigeants amazighs dans l'histoire du Maroc étaient toujours avec la Palestine et avec l'unité arabe. Et lorsqu’on évoque le terme unité arabe, cela ne signifie pas les origines comme certains tentent de médiatiser dans le but de semer la discorde.

Nous rappelons aussi que le leader amazigh Fqih El Basri était l’un des co-fondateurs du Congrès national arabe, et qu’un Amazigh est actuellement à la tête de l'Observatoire marocain contre la normalisation. Les Amazighs sont beaucoup plus grands que ceux qui essaient de servir le projet sioniste, et qui font la promotion de la notion de l'expulsion des arabes du Maroc.  

Une délégation amazighe en visite en Israël / Ph. 4non.net

Quel est votre commentaire quant à la position officielle marocaine de cette visite ?

Nous regrettons la position officielle et nous avons déjà exigé des responsables marocains à tous les niveaux de prendre les mesures nécessaires pour faire cesser tout échange et toute collaboration avec l’entité sioniste et de cesser tout soutien envers cette entité terroriste. Malheureusement, on nous répond parfois mais dans la plupart des cas c'est le silence.

Mais il y a déjà une proposition visant à criminaliser la normalisation avec Israël qui reste enfermée dans des étagères parlementaires ?

Nous nous efforçons de pousser cette proposition, présentée par plus des deux tiers des membres de la Chambre des représentants, pour qu’elle devienne une loi. Mais un travail important nécessite beaucoup de temps, et il y a ceux qui ont exprimé de la crainte face à cette proposition. Nous leur disons qu'il s’agit d’une simple proposition qui peut faire l’objet de débats et d'amendement, mais tout en mettant l'accent sur la nécessité d’être ferme face à la normalisation avec cette entité sioniste.

Etes-vous confiant pour que cette proposition se transforme en loi ?

Le premier livre j’ai écrit est intitulé «Le droit de rêver», et le militant qui ne rêve pas d’un jour meilleur ne pourra pas être un vrai militant ou un bon citoyen. Nous rêvons donc d’un jour meilleur et nous n’avons pas encore perdu espoir.

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