Même si le ministère marocain des Affaires étrangères a vivement dénoncé les positions antirusses d’Abdelilah Benkirane, la Toile offre au PJDiste une «revanche» sur ce rappel à l’ordre émanant d’une partie officielle. Le hashtag «#Merci Benkirane» lancé sur Twitter connaît un franc succès. Ils sont en effet plusieurs anonymes et célébrités à saluer unanimement le «courage» du secrétaire général du PJD.
«Lorsqu’un chef du gouvernement est élu, il parle au nom du peuple. Benkirane a osé dire ce que des présidents et des généraux n’ont pu exprimer», a écrit Ali Qorra Addaghri, le secrétaire général de l’Union internationale des oulémas musulmans (sunnites).
عندما يأتي رئيس الحكومة بانتخاب الشعب فإنه يتحدث باسم الشعب
— د. علي القره داغي (@aliqaradaghi) 6 décembre 2016
بن كيران قال ما لم يستطع أن يقوله رؤساء وحكام وجنرالات !#شكرا_بن_كيران
Le journaliste syrien travaillant pour le compte d’Al Jazeera, Ahmed Mouaffaq Zaydan, a posté deux tweets jusqu’à présent. «L’Histoire retiendra avec des lettres en or la position de Benkirane contre les envahisseurs russes. D’autres lui emboîteront-ils le pas ?», s’est interrogé ce dernier. Même son de cloche auprès de Walid Tebtabaï, un ancien député koweitien, qui a accompagné son tweet d’une photo de lui avec le secrétaire général de la Lampe, prise lors du congrès de la formation islamiste en 2012.
سيُسجل التاريخ بأحرف أغلى من الذهب موقف عبد الإله بن كيران ضد الغزاة الروس دعماً للشام فأين من يقتدي بسنته #شكرا_بن_كيران #شكرا_المغرب
— د ـ أحمد موفق زيدان (@Ahmadmuaffaq) 7 décembre 2016
Des soutiens encombrants pour le PJDiste
A priori, ces messages de soutien sont une petite consolation pour le chef du gouvernement désigné. Néanmoins, ils tombent au mauvais moment pour le PJD et sa matrice, le Mouvement unicité et réforme (MUR). Alors qu’ils tiennent tous deux à se démarquer des Frères musulmans, au point de fustiger la politique menée par la confrérie en Egypte, voilà que ce hashtag les ramènent à la case départ et sapent les efforts entrepris par Ahmed Raissouni, le premier président du MUR.
En effet, l’initiative sur Twitter est largement dominée par des sympathisants des Frères musulmans. En témoigne le nombre de comparaisons entre la solidarité d’Abdelilah Benkirane avec les Syriens d’Alep et les positions prorusses du président égyptien Abdel Fattah Al Sissi.
Plus encore, l’appui de Walid Tebtabaï est tout sauf une bonne nouvelle pour les islamistes marocains. L’ancien député koweitien avait combattu dans les rangs du «Front al-Nosra», l'antenne d'Al-Qaïda, baptisée depuis juillet dernier «Fath Acham», avant de regagner tranquillement son pays natal.
#شكرا_بن_كيران
— وليد الطبطبائي (@Altabtabie) 6 décembre 2016
على ادانته الصريحة لإجرام #روسيا بقيادة #بوبين_الارهابي_الأول في العالم بحق أهلنا في #حلب والمدن السورية . pic.twitter.com/xV3dzzjVKz
Le journaliste d’Al Jazeera Ahmed Mouaffaq Zaydan est classé par les services de renseignements des Etats-Unis sur une liste secrète des organisations et des personnes accusés de terrorisme. Il a fallu attendre les révélations d’Edward Snowden pour connaître cette donne. Les Américains soupçonnent l’ancien correspondant de la chaîne qatarie au Pakistan d’être proche d'Al-Qaïda. Le Syrien a brillé par ses interviews de hauts cadres des talibans afghans et sa couverture des campagnes militaires des anciens maîtres de Kaboul contre les forces américaines et leurs alliés.