Journée mondiale de lutte contre le Sida : Les chiffres clés du VIH/Sida au Maroc

Le monde célèbre ce jeudi la Journée mondiale de lutte contre le sida. Un combat planétaire qui se poursuit depuis plusieurs décennies dans l’espoir d’éradiquer cette épidémie. «Zéro nouvelle infection VIH, zéro décès et zéro discrimination liés au sida» constituent l’un des piliers de la vision adoptée par les Etats membres lors d’une assemblée générale des Nations unies tenue en 2011. Aujourd’hui, la réalité reste toute autre puisque plusieurs pays dans le monde peinent à réaliser ces objectifs.

Au Maroc, les chiffres ne sont pas encore catastrophiques mais restent assez alarmants sur la situation générale. Selon les dernières estimations EPP/Spectrum, parvenu à Yabiladi par le biais de l’Association de lutte contre le sida (ALCS), le nombre des nouvelles infections a été de 1 200 nouveaux cas à fin 2015. Un chiffre qui reste en baisse par rapport à l’année précédente.

Mais ce qui reste préoccupant, ce sont sans doute les estimations par rapport aux jeunes touchés par le virus. Dans le chiffre relatif aux nouvelles infections par le VIH, les personnes âgées entre 30 et 49 personnes plafonnent à près de 41%. Un pourcentage suivi par celui des jeunes de 20-24 ans qui représentent 18%. Toujours selon les données, 17% des nouvelles infections sont enregistrées auprès des jeunes âgés entre 15 et 19 ans. Le même taux est également enregistré auprès de ceux âgés entre 25 et 29 ans. L’ALCS conclut que 34% des nouvelles infections sont recensées auprès des jeunes de 15-24 ans. Un taux qui varie aussi selon le sexe, puisqu’à fin 2015, les hommes représentent près des trois quarts des personnes nouvellement infectées.

Au Maroc toujours, ils sont près de 24 000 Marocains et Marocaines à fin 2015 considérés comme personnes vivant avec le VIH (PVVIH), selon les dernières estimations EPP/Spectrum. Ce même chiffre était de 28 892 PVVIH en fin de 2014 et 31 000 personnes une année auparavant.

Malheureusement, seuls 49% de ces personnes sont notifiés et disposent d’informations sur leurs statuts sérologiques. Autrement dit, 12 300 individus infectés ignorent qu’ils sont porteurs du VIH. Le nombre total cumulatif de cas de VIH/sida notifiés depuis 1986, s’élève, quant à lui, à 11 298 personnes à fin décembre 2015.

L’année dernière, et selon les chiffres de l’ALCS, 910 personnes atteintes du sida ont perdu la vie. Le nombre de décès reste en baisse par rapport à l’année 2014, où 963 cas de décès ont été enregistrés.

Seules 38% des PVVIH sont prises en charge par les ARV

La même source note que l’accès aux soins au Maroc a connu une hausse remarquable au cours des dix dernières années. Le nombre de PVVIH prises en charge par les antirétroviraux (ARV) est passé de 1370 personnes en 2006 à 9079 personnes en 2015. Toutefois, ce chiffre de personnes prises en charge par des antirétroviraux reste loin des 11 700 personnes porteuses du VIH qui connaissent leurs statuts sérologiques. La couverture arrive à peine à un taux de 38%.

Quant à la prévalence nationale chez l’ensemble des citoyens, elle reste stable selon les chiffres, en stagnant aux environs de 0.1%. Malheureusement, chez les personnes à risque, cette prévalence reste trop élevée par rapport à la moyenne nationale : Elle est de 4.5% chez les professionnelles du sexe de la région de Souss Massa, 5% chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes dans la région de Marrakech-Safi, 1% chez les ouvriers de la région de Souss Massa et 9,6% chez les usagers de drogues injectables à Nador.

Pour les notifications des cas de VIH/Sida, trois régions totalisent, à elles seules, près de 64,5% de ces notifications. Il s’agit, tout comme les années précédentes, Souss Massa, suivie par Marrakech Safi et la région de Casablanca-Settat.

Autre constat triste et alarmant : Le VIH a tendance à se féminiser à en croire l’ONG. Le taux des femmes vivant avec le VIH serait passé de 8% en 1986 à 51% en 2015. Là où le bât blesse, c’est que 75% des femmes sont infectées par leur conjoint…