Menu

Grand Angle

Au sud de Marrakech, des techniques de culture des oliviers qui font des petits miracles

Une coopérative d'une province de Marrakech a adopté de nouvelles techniques pour hisser la production d'olives. Le but étant de pallier les mauvaises récoltes dues à la sécheresse. L'initiative est soutenue par le Fonds international de développement agricole, un organisme onusien qui au chevet des populations rurales. Détails.

Publié
La taille de l'olivier a pour but de former et favoriser la fructification ou permettre la reprise d'un olivier laissé à l'abandon. / DR
Temps de lecture: 3'

Qui dit sécheresse dit baisse des récoltes et de la production. Oui, mais (car il y a un mais), l'exception infirme parfois la règle. Abdelatif El Badaoui, trésorier de la coopérative d'Amghras, commune rurale de la province d'Al Haouz au sud de Marrakech, est à la tête d'une équipe de jeunes techniciens qui, selon l'agence Reuters, vient en aide aux agriculteurs de Sidi Badhaj, au pied des montagnes de l'Atlas.

Leur objectif est simple : accroître la production d'olives malgré un climat de sécheresse qui sévit dans la région. Parmi les procédés auxquels ils recourent, l'élagage, une technique qui consiste à orienter ou limiter le développement d'un arbre afin qu'il ne prenne trop de hauteur. La taille de l'olivier est, en effet, une opération importante voire essentielle dans la culture des olives. Celle-ci a pour but de former et favoriser la fructification ou permettre la reprise d'un olivier laissé à l'abandon.

Au procédé de l'élagage s'ajoute l'utilisation d'équipements électroniques ainsi qu'une irrigation plus adaptée. Trois techniques qui ont permis d'accroître les rendements par arbre de 20 kg à 100 kg, voire plus dans certains cas. La qualité de l'huile d'olive s'est également améliorée puisque, désormais, 90% des agriculteurs locaux choisissent de les presser dans les 24 heures qui suivent leur récolte, plutôt que de les stocker pendant un ou deux mois.

L'exode rural se réduit

Le travail de l'équipe, composée de sept hommes et trois femmes sous la houlette d'Abdelatif El Badaoui, a été reproduit dans d'autres communes de la province d'Al Haouz. Une consécration qui a généré aussi une autre conséquence inattendue : la diminution de la migration urbaine des jeunes de ces bourgades, en quête d'un emploi qu'ils ne parviennent à dénicher chez eux. «Moi aussi j'ai pensé à partir m'installer en ville», reconnaît Abdelatif El Badaoui. «Mais grâce à toute la formation et les équipements que nous avons reçus, la situation est plus stable pour les jeunes ici et notre qualité de vie est meilleure. Je ne songe plus à partir», ajoute-t-il.

Les services de son équipe, chargée d'apporter des conseils sur la culture et la santé des arbres, d'aider à la récolte et de prêter de l'équipement moderne, comme des cisailles électriques à piles et des râpes vibrantes pour ramasser les olives, sont très sollicitées par les agriculteurs locaux, précise le jeune homme.

Dans les environs de Amghras, Al Haouz / Ph. Gauderique - Panoramio

Des recettes multipliées par trois

Khalid Batrah, 42 ans, est d'ailleurs l'un d'eux. Il participe au projet de développement des chaînes de valeur agricole, soutenu par le gouvernement marocain et le Fonds international de développement agricole (FIDA), un organisme des Nations unies qui soutient les populations rurales. Grâce à un système de micro-irrigation, plus connu sous le nom de «goutte-à-goutte», qui fournit de l'eau directement aux racines des plantes, cet agriculteur, propriétaire d'une exploitation d'oliviers de 10 hectares, n'est pas peu fier d'annoncer qu'il a triplé ses recettes.

L'irrigation goutte-à-goutte - dont il a bénéficié avec le soutien d'une subvention gouvernementale - a amélioré ses récoltes en seulement un an, assure Khalid Batrah. Il emploie désormais trois travailleurs permanents et jusqu'à 100 personnes en période de récolte des olives. Plus encore, le quadragénaire veut tester le volet environnemental : il a récemment sollicité un crédit auprès d'une banque pour installer des panneaux solaires pour alimenter une pompe à eau.

Ces efforts, auxquels ont participé 9 600 fermes de la province, visent à aider les cultivateurs des régions arides du Maroc à améliorer leur production d'olives, de pommes et de moutons et à mieux faire face aux changements climatiques. Le FIDA prévoit une baisse des précipitations annuelles comprise entre 15 et 52% au cours du siècle, à mesure que le thermomètre, lui, voit rouge...

Chakib Nemmaoui, responsable du programme du FIDA pour le Maroc, rapporte que le projet quinquennal de la chaîne de valeur, amorcé en 2013, a permis aux agriculteurs d'accroître leurs rendements, de commercialiser leurs récoltes et d'accéder aux marchés tout en s'adaptant aux changements climatiques. «Ils ont leur propre approche de l'adaptation, mais nous essayons de développer et d'améliorer la façon dont ils le font», a-t-il déclaré.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com