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Grand Angle

Grippe aviaire : L’ONSSA et la FISA rassurent, les associations des consommateurs appellent à plus de vigilance

Suite à la déclaration de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) d’un foyer de grippe aviaire hautement pathogène de type H7N1 en Algérie voisine, l'ONSSA a été contraint de rompre le silence sur les rumeurs à propos d’éventuels cas déclarés au Maroc. «L’état sanitaire du cheptel avicole est normal», rassure l'Office. Une information confirmée par la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA). Les associations des consommateurs, elles, n’écartent pas un risque de contamination assez élevé. Détails.

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Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 4'

Les rumeurs sur une éventuelle grippe aviaire ayant touché une ferme de Tiznit ont été démenties mardi soir par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Dans un communiqué, ce dernier affirme que «l’état sanitaire du cheptel avicole est normal» et que «la consommation des viandes de volailles, des œufs de consommation et de tout produit alimentaire à base de viande de volaille ayant subi le contrôle vétérinaire, ne présente aucun risque pour la santé humaine».

A l'origine de ces rumeurs, la révélation par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) d’un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène en Algérie de sous-type H7N1 et de cas de la maladie due au virus H5N8 dans certains pays d’Europe. Le risque que ces virus dépassent notamment la frontière Est du Maroc reste assez élevé.

L’ONSSA se veut toutefois rassurante : l'Office affirme avoir «pris dans l’immédiat un ensemble de mesures préventives pour éviter l’introduction de cette maladie au Maroc». Des dispositions qui «ont pour but de protéger le cheptel national de tout risque pouvant menacer sa sécurité sanitaire». Ainsi, on évoque une «surveillance», entre autres, qui s’effectue au niveau de l’ensemble du territoire national et le long des frontières par les services vétérinaires de l’ONSSA, «en étroite collaboration avec plusieurs services mais aussi avec les vétérinaires du secteur privé et la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA)».

Les professionnels de la FISA rassurent

D’ailleurs, que pense la FISA de ces rumeurs et de ces risques potentiellement élevés ? Chaouki Jirari, directeur de la FISA, est formel : «L’article de presse à l’origine de ces rumeurs est infondé et ne se base sur aucune information fiable.» Ce dernier affirme que la section locale de Tiznit s’est déplacée sur place pour s’assurer de l’état du cheptel. «Suite à cet article, nous sommes obligés de nous défendre devant les consommateurs. Or, ces informations sont infondées et aucun cas n’a été déclaré au Maroc», répète-t-il.

Tout en assurant que toutes les mesures sont prises pour une surveillance accrue de la frontière maroco-algérienne, le directeur de la FISA précise que les rumeurs n’ont impacté ni la consommation des Marocains, ni les prix des volailles au niveau des marchés. «Les Marocains, depuis les rumeurs de 2006, n'ont plus confiance en ce genre d’information. Les rumeurs sortent chaque début d’année. A titre d’exemple, le prix du poulet, depuis 2006, est passé de 10 dirhams à 12 voire 13 dirhams au niveau des fermes», dit-il. Une augmentation de 2 à 3 dirhams, selon ses propos.

«Un cas déclaré du virus H7N1 au Maroc, hautement pathogène, entraînerait un état d’alerte général et une mobilisation de l’ensemble des services sanitaires. Cela ne passera pas inaperçu», avertit-il. Puis de conclure : «Les professionnels n’ont aucun intérêt à ne pas alerter les autorités compétentes, sinon on devra faire face à une catastrophe.»

Les associations de protection du consommateur ne semblent pas très convaincues

Contacté ce mercredi par Yabiladi, le docteur Bouazza Kherrati, vétérinaire et président de l'Association marocaine de protection et d'orientation du consommateur (AMPOC), revient sur le foyer déclaré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie. «Le danger est le fait que ce virus se transmette à l’homme et que l’ensemble des maladies pathogènes nous parviennent généralement depuis les frontières Est du pays», fait-il savoir. «Même avec une surveillance, il existe toujours des points noirs que connaissent le transit de produits alimentaires au niveau de ces frontières. Le risque est donc élevé et les autorités compétentes doivent intensifier la surveillance et le contrôle», poursuit-il.

Bouazza Kherrati, dont l’association est membre de la Fédération marocaine des droits du consommateur, appelle également à l’application de la loi n°49-99 relative à la protection sanitaire des élevages avicoles, au contrôle de la production et de la commercialisation des produits avicoles. «Cette loi impose le contrôle sanitaire de l’ensemble des unités de production. Il faut savoir que 10% d'entre elles produisent sans autorisation et ne sont donc pas soumises à ce genre de contrôle, d’où l’importance de les fermer.»

L’occasion pour lui de signaler qu’au Maroc, «seulement 10% des productions de viande, notamment blanche, sont contrôlées par les services compétents». Un véritable talon d'Achille du système de contrôle marocain que notre interlocuteur ne manque pas de pointer du doigt. Le président de l’AMPOC met aussi l’accent sur l’urgence de mettre fin à l’abattage informel des volailles, «parce qu’en cas de grippe aviaire, la situation sera difficilement maîtrisable».

De son côté, le président du Forum marocain du consommateur (FMC), Chamseddine Abdati, réitérant sa confiance dans les institutions de l’État, estime que le risque reste assez élevé. Il juge que le communiqué de l’ONSSA, à lui seul, n'est pas assez rassurant. «Nous n’avons pas encore reçu de communiqués de la part du ministère de l’Intérieur ou celui de la Santé, ni des services d’hygiènes et des épidémies, qui sont généralement présents sur le terrain et doivent aussi compléter cette information», déclare-t-il.

En l'absence d’une information confirmée par plusieurs services, le président du FMC prévoit même un impact sur le marché, «surtout que la plupart des Marocains ont des revenus moyens et consomment ces produits». «Les consommateurs peuvent s'abstenir d'acheter les volailles et même les œufs en attendant d’avoir la certitude qu’aucun cas n’est déclaré chez nous», conclut-il.

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