L’Algérie a refusé à des membres de l’ONG internationale EuroMed Droits, basée à Copenhague, le droit d’entrer sur son territoire. La délégation avait pour objectif d’enquêter sur la situation des droits de l’homme dans les camps de Tindouf. Une mission préparée en concertation avec «la Commission nationale sahraouie des droits humains (CONASADH)», relevant de la direction du Polisario.
Sur l’agenda de l’association figuraient «des rencontres avec des responsables ministériels, le Parlement, des membres de la magistrature et des avocats, des ONG sahraouies et internationales présentes sur le terrain, ainsi que des visites à diverses institutions, dont le centre pénitencier», lit-on dans un communiqué d’EuroMed Droits.
Amnesty empêchée à deux reprises d’enquêter sur les violations
Malgré le feu vert des services de Brahim Ghali, Alger a annulé tous les visas qu’elle avait auparavant accordés aux observateurs de l’association. L’ambassadeur algérien à Bruxelles, Amar Belani (l’ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères) a promis dans un premier temps de justifier le revirement de ses supérieurs hiérarchiques, avant d’observer le silence.
EuroMed Droits dit avoir «pris acte» de la décision des autorités algériennes. Et déplore qu’elle ne puisse «vérifier l’état réel des droits et libertés dans les campements de réfugiés et enquêter sur les allégations de violations qu’EuroMed Droits a reçues». L’ONG conclut son message en «[constatant] que les autorités algériennes interfèrent dans une situation qui ne les concerne pas».
Si les Algériens ferment l’accès à Tindouf face à des associations des droits de l’homme, ils l’ouvrent en revanche pour des ONG espagnoles ou en provenance d’Amérique latine, très proches des thèses du Polisario. En février dernier, Alger avait opposé une fin de non-recevoir à une demande d’Amnesty international d’enquêter sur les violations des droits de l’homme dans les camps. En décembre 2010, soit deux semaines après le refoulement de Mustapha Salma vers la Mauritanie, les autorités du voisin de l’Est avaient empêché l’ONG de mener une mission similaire.
Pour mémoire, le Maroc avait autorisé, en septembre 2014, une mission de l’ONG EuroMed Droits au Sahara occidental.