Dans une tribune, le secrétaire général du PAM appelle de ses vœux, une «réconciliation historique et courageuse» entre les composantes du champ politique ayant pris part aux législatives du 7 octobre. Certains observateurs y ont vu une main tendue au PJD. Pourtant le fossé entre les deux partis ennemis ne laissent entrevoir aucune chance de réconciliation moyennant une simple tribune. D’ailleurs, les PAMistes répètent à l’unisson que le dialogue avec les PJDistes demeure une ligne rouge, et vice versa.
L'élément explicatif de cette tribune a plus à voir avec le timing. En effet, l’initiative d’Ilyas El Omari intervient vingt-quatre heures après la réponse favorable de l’Istiqlal et l’USFP à l’invitation adressée par Benkirane pour une éventuelle entrée dans le prochain gouvernement.
Le PAM craint-il d’être isolé à la Chambre des représentants ?
Une possible défection de ses anciens alliés isolerait le PAM des formations historiques au Maroc. Il se retrouverait sur les bancs de l'opposition à la Chambre des représentants aux côtés du RNI, l’UC et peut être le MP. Et plutôt que d’être le chef de file d’une opposition «crédible», «sérieuse» et «expérimentée» à ce jeu, le Tracteur se verrait confier la présidence du «club des partis administratifs». Une position plus délicate qui risque de desservir son avenir politique.
L’option de la main tendue à l’Istiqlal et l’USFP est appuyée par des références dans la tribune d’El Omari. Quand il cite le Rapport sur le cinquantenaire de l’indépendance du Maroc, publié en 2006, c’est pour rappeler à ces deux anciens alliés que des experts de la Rose et de la Balance avaient participé au comité directeur de l’œuvre, présidé par le conseiller royal, feu Meziane Belfqih. Le PAM sous Fouad Ali El Himma avait fait dudit Rapport et des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation les fondements idéologiques du parti.
A cette référence s’ajoute le fait d’évoquer la «parité», la «femme», «les droits de l’Homme», des thèmes que partage le PAM avec les formations de gauche, telle l’USFP, ou ayant dans ses rangs des sensibilités modernistes comme l’Istiqlal.
La «réconciliation» proposée par El Omari reste cependant tardive. Dès l’annonce des résultats des scrutins du 4 septembre 2015, l’Istiqlal de Chabat avait dénoncé de «mauvais agissements» du PAM dans certaines circonscriptions qui seraient la cause de la perte de plusieurs sièges. Une colère qui avait mis un terme à l’entente entre les deux formations. Avec l’USFP, le problème est tout autre. La base de la Rose n’a jamais béni l’alliance avec le Tracteur. Une base que Driss Lachgar a grandement besoin de séduire pour continuer à la tête de l’USFP.