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Grand Angle

Maroc : La croissance de l’informel ralentit fortement

L’informel - cette part de l’activité économique, qui échappe au fisc et aux règles - continue d’augmenter, selon le HCP, mais beaucoup moins fortement que par le passé. Faut-il voir dans cette augmentation, les conséquences du relâchement règlementaire consenti au moment des révolutions arabes ?

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L'informel représente 60% de la valeur ajoutée de tout le secteur du commerce en 2013. (c)DR
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Le constat du ministre de l’Industrie est exact. La part de l’informel dans l’économie nationale continue à croître, même si elle a beaucoup ralenti depuis le début des années 2000. Le nombre de microentreprises informelles a augmenté de 8,4% entre 2007 et 2013, contre 25% entre 1999 et 2007, a révélé mercredi 12 octobre 2016 le HCP, dans le cadre de son enquête sur le secteur informel.

En juin 2016, Moulay Hafid Elalamy s’était inquiété d’ «une petite dérive du formel vers l’informel ». De  fait, en 2013, l’informel représente 13,3% de la valeur ajoutée globale de tout le secteur industrie et artisanat au Maroc, contre 12,4% en 2007. Au niveau de l’ensemble de l’économie, l’informel contribue au PIB pour 11,5% en 2013. Il représente même 60,1% de la valeur ajoutée de tout le secteur du commerce.

A lui seul, l’informel apporte encore un quart des emplois créés chaque année par l’économie nationale. Par contre, son poids dans le total de l’emploi a tendance à baisser. Il est passé respectivement de 39, à 37,3 puis 36,3% de l’emploi global non-agricole de 1999 à 2007 et 2013.

Relâchement suite au Printemps arabe

Pour le chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane, la croissance de l’informel s’explique par le relâchement règlementaire consenti par le ministère de l’Intérieur, au moment des révolutions arabes, pour éviter un Bouazizi marocain. «Il s’agit d’une politique adoptée en 2011 pour nous éviter la révolution. Si on demande à toutes les entreprises de se déclarer, nous auront la moitié de la main d’œuvre dans la rue. La conjonction de ce qui est nécessaire et de ce qui est légal est difficile. La donne a certainement changé mais nous ne pouvons pas tout bouleverser », expliquait-il en juin dernier. L’intervalle de 7 ans entre deux enquêtes du HCP sur l’informel ne permet cependant pas de mesurer les effets réels de de cette politique.

Elle reste d’actualité. La tentative pour restructurer le secteur des marchands ambulants préparée par les ministères de l’Intérieur et de l’Industrie et du Commerce a ainsi avorté. Un programme national devait être lancé en mars 2015, mais le roi l’ayant jugé insatisfaisant, il a été abandonné. Relâchement, hésitations, les autorités marocaines ont tendance à croire que les plus pauvres parmi les pauvres y trouvent emploi. L’informel serait le dernier rempart, avant le chômage et l’inactivité.

Chiffre d'affaires : +46% entre 2007 et 2013

Le HCP fait un constat plus nuancé. Si en 1999, 34,30% des petits chefs d’entreprises, ou indépendants de l’informel expliquaient avoir choisi cette activité pour éviter le chômage, seul 8,3% des travailleurs informels, en 2013, étaient au chômage avant de lancer leur activité. 75% d’entre eux étaient toutefois déjà dans l’informel avant de créer leur activité.

De plus, le chiffre d’affaires moyen du secteur - qui ne dit rien, toutefois, de sa rentabilité - a augmenté plus vite que la croissance du Maroc. Entre 2007 et 2013, il a augmenté encore de 46% entre 2007 et 2013, contre 34,8% pour le PIB. Ainsi, quand en 1999, un chiffre d’affaires était considéré comme élevé quand il dépassait 160 000 dirhams (20% des unités de production informelles en 1999), il faut aujourd’hui qu’il dépasse 360 000 dirhams pour appartenir à la même catégorie (16,2% des UPI en 2013).

Le niveau d'éducation des créateurs d'entreprises informelles reste très bas

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