Le PJD et une possible alliance avec les partis de la Koutla pour former le prochain gouvernement

En attendant d’être reçu par le roi Mohammed VI, Abdelilah Benkirane pense sûrement aux partis auxquels il s’alliera pour former le 34^e gouvernement dans l’histoire du Maroc post-protectorat français. La piste d’une coalition avec les partis de la Koutla déjà souhaitée en 2011, reste envisageable pour 2016. Benkirane croit aux bénéfices d’une telle alliance. Mathématiquement un exécutif conduit par la Lampe et comptant sur l’adhésion des partis de la Balance, de la Rose et du Livre (PPS) dépasse la majorité requise des sièges à la Chambre des représentants.

Le 19 juin dernier à Tanger, et à quelques mois des législatives du 7 octobre, le secrétaire général du PJD avait d'ailleurs réitéré son offre aux dirigeants de l’Istiqlal et de l’USFP. Même s’il reconnaissait que ces deux formations ne sont pas totalement indépendantes dans la prise de décision.

Une bouée de sauvetage pour Lachgar et Chabat

L’idée d’une telle alliance permettrait au premier secrétaire de l’USFP de faire taire les critiques sur sa gestion cahotique du parti. Bien entendu, Driss Lachgar est enthousiaste pour un tel projet. Deux ou trois maroquins, avec ce qu'ils impliquent en termes de conseillers, de chargés de missions et d’experts, lui suffiraient pour calmer les quelques voix dissidentes qui n'ont pas encore été écartée du parti. Une entrée au gouvernement serait donc de bon augure pour l’avenir politique de Lachgar dans la perspective du prochain congrès du parti prévu en 2017. Mais reste qu' «une éventuelle participation à un exécutif divise les USFPeistes entre pro et opposés», nous confie une source.

Hamid Chabat est, dans une moindre mesure, logé à la même enseigne. Une entrée au gouvernement lui donnerait l’opportunité de prolonger sa présidence de l’Istiqlal pour un deuxième mandat de quatre ans. Les postes ministériels sont ses principaux arguments pour se reconstruire une légitimité ébranlée par les revers aux scrutins du 4 septembre 2015 et du 7 octobre 2016. Le prochain congrès du PI devrait se tenir au début de l’année prochaine. Encore faut-il que la distribution des départements ministériels suffisent à calmer la gronde des grandes familles contrôlant l'Istiqlal. 

Logique politique

Quant au PPS, la troisième composante de la Koutla, la question ne se pose même pas. Les anciens camarades s'étaient déjà déclarés comme fidèles «alliés» des frères de Benkirane. Mais seront-ils traités avec les mêmes égards qu'en 2011 par un PJD en progression au niveau des sièges ? Et surtout Benkirane parviendra-t-il à sauver le soldat Benabdellah si le Palais oppose un éventuel véto à sa nomination comme ministre dans le prochain gouvernement ? Des questions qui doivent tarauder l'esprit de l’actuel secrétaire général du PPS et de ses fidèles.

Politiquement, une telle alliance entre le PJD et la Koutla ne serait pas une surprise. Pour rappel, le Bloc démocratique, formée en 1992, a réuni les conservateurs de l’Istiqlal et la gauche représentée par l’USFP, le PPS et la défunte OADP. Une éventuelle intégration des islamistes de la Lampe ne pourrait qu’apporter un certain équilibre à une structure cliniquement morte depuis plusieurs années.