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Grand Angle

Abdelwahed Radi, le Highlander du Parlement marocain ne compte pas prendre sa retraite

S'il ne détient pas le record du plus ancien parlementaire du monde, Abdelwahed Radi reste le plus ancien au Maroc. L'octogénaire a été réélu vendredi 7 octobre pour la dixième fois successive en tant que député de la circonscription de Sidi Slimane. Un fief électoral qui lui renouvelle sa confiance depuis 1963. Portrait.

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Abdelwahed Radi, député de l'USFP. / DR
Temps de lecture: 3'

Sans surprise, celui qu'on pourrait surnommer le Highlander du Parlement vient d'être réélu aux législatives du 7 octobre 2016. Abdelwahed Radi, figure emblématique du parlementaire qui a fait de la politique son job à plein temps, ne déroge pas à une règle établie depuis 1963. Il vient de décrocher un siège pour l’Union socialiste des forces populaires (USFP) dans la même circonscription de Sidi Slimane, pour la dixième fois consécutive.

Professeur de psychologie sociale, Abdelwahed Radi, 81 ans, a fait ses premiers pas dans l’arène politique à l’âge de 24 ans. Père fondateur de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) créée en 1956 alors qu’il occupait encore les travées de l’université, il est également l’un des fondateurs de l’Union nationale des forces populaire (UNFP), après une scission du parti historique de l’Istiqlal. Le nouveau parti est alors dirigé par Abdellah Ibrahim et ses camarades : Abderrahman El Youssoufi, Mohammed El Hamdaoui Taghi, Mohamed Basri, Mehdi Ben Barka et Mohammed Assafi Elouadie.

L’impopularité de l’homme politique, une conséquence du passé

En 1963, à la suite du référendum constitutionnel tenu un an auparavant, il se présente aux toutes premières élections législatives sous les couleurs de l’UNFP et glane un siège au premier Parlement du Maroc indépendant. Dans la ville de Sidi Slimane, ce fils d’un caïd nationaliste de la région du Gharb est réélu d’abord en 1970, puis à chaque élection législative qu’a connue le royaume (1977, 1984, 1993, 1997, 2002, 2007, 2011 et 2016).

Prérogatives de l’âge oblige, il est certainement le seul à pouvoir jauger l’évolution parlementaire du pays depuis l’indépendance. «En 1963, c’était la grande bataille pour une vraie démocratie et une monarchie constitutionnelle. Une guerre entre l’opposition, la majorité et le système», confie-t-il ce lundi à Yabiladi«Aujourd’hui, ce n’est plus le cas puisque la démocratie est là, le climat s’est apaisé et la compétition ne se joue qu’entre les différents partis», analyse-t-il. Si les circonstances «ont changé, le travail législatif, le contrôle exercé par le parlement sur l’exécutif ainsi que la diplomatie parlementaire se poursuivent encore de nos jours».

Et l'homme politique de revenir sur son expérience parlementaire vieille de plus d’un demi-siècle : « La vie de parlementaire a commencé dans des conditions dures et difficiles, mais aujourd’hui, la page est tournée». Or, «les conséquences demeurent», fait-il savoir. Les conséquences ? C'est à dire ? «L’impopularité de l’homme politique et de la politique en général», précise-t-il. Mais peu importe, Abdelwahed Radi sait demeurer optimiste car «le plus important, c’est que le Maroc entame là une nouvelle période de son histoire».

Ministre chargé de la Coopération dans le gouvernement de Mohammed Karim Lamrani en 1983, puis de la Justice dans le gouvernement d’Abbas El Fassi en 2007, l’octogénaire a également occupé le poste de président de la Chambre des représentants à trois reprises : d’abord en 1997, puis en 2002 et enfin en 2010. En 2011, il est élu président de l'Union interparlementaire (UIP) pour un mandat de trois ans.

La retraite ? Même pas en option

Membre depuis 1989 du bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), née en 1975 suite à une scission de la section rbatie de l’UNFP, il est est devenu le 4e premier secrétaire du parti de la Rose en 2008, à l’issue du 8e congrès de l’USFP.

Aujourd’hui, malgré la défaite de sa formation politique, Abdelwahed Radi fait partie des 20 députés socialistes pour le prochain quinquennat, 18 sièges de moins qu'en 2011. La Rose est-elle agonisante ? Il garde espoir mais reconnait qu' «aujourd’hui, les partis issus du mouvement national ne sont plus au premier rang, ce qui est une évolution historique». Il continuera cependant à représenter l’USFP au sein de l’hémicycle.

D’ailleurs, pour ces dernières élections législatives, ce sont plusieurs membres des tribus de Sidi Slimane et Sidi Yahya Gharb qui sont allés toquer à sa porte pour l’inciter à se présenter une dixième fois en tant que candidat, indiquaient des médias arabophones à quelques mois du rendez-vous électoral. Un vœu qui a été finalement exaucé.

Abdelwahed Radi, qui compte de fidèles soutiens, s’attire aussi les foudres de ses détracteurs, qui attendent avec impatience l’heure de la retraite. En vieux sage, l’homme politique reste serein : «Je n’occupe pas un poste de désignation. J’ai la confiance de mes électeurs». Et de conclure, imperturbable : «Tant que mes électeurs me feront confiance pour servir le pays et les servir, je me présenterai».

Toutefois, sans rien ôter à la légitimité de son élection émanant de la volonté des habitants de son fief électoral de Sidi Slimane, les réélections successives d’Abdelwahed Radi restent symptomatiques du non-renouvellement de l’élite politique du pays. C’est d’ailleurs l’une des causes invoquées pour expliquer la désaffection des jeunes de la politique et de la faiblesse structurelle du taux de participation aux échéances électorales.

Bouteflika de Ben Slimane
Auteur : moirk
Date : le 11 octobre 2016 à 13h57
Ahhhh la retraite n´existe pas au Maroc.
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