Si la crise interne à l’USFP n’est pas résolue, du moins le parti est-il parvenu à exprimer un seul et même avis. Dans un communiqué paru lundi, faisant suite à la session spéciale de son Conseil National, il appelle à formuler, en collaboration avec ses alliés des réformes politiques, économiques et sociales urgentes selon un échéancier fixe. Le communiqué insiste sur la nécessité pour le Maroc d'aller vers une réforme constitutionnelle globale et profonde.
Le Conseil réitère aussi son engagement à bâtir un pôle socialiste démocratique, autour d'un programme politique pour un changement à travers les réformes. Il a souligné la forte corrélation entre l'intégrité territoriale et le processus d'édification démocratique sain. S'agissant de la situation actuelle dans le monde arabe, le Conseil a exprimé «sa considération profonde pour les révolutions populaires, pacifiques et civilisées, sur la scène arabe, contre le despotisme, la corruption et l'injustice et en faveur du changement démocratique et de l'édification de l'Etat de droit garant des droits et des libertés.»
Partir ou rester ?
Autant d’engagements qui oublient volontairement la seule problématique qui ait réellement soulevé le débat au sein du parti : se retirer ou non du gouvernement. «Lors de la dernière session du Conseil National de l’UFSP, les militants on fait pression sur le bureau politique pour que le parti se retire du gouvernement», rapporte Mountassir Sakhi, membre de la jeunesse de l'USFP et du Mouvement du 20 février. L’opposition entre le Conseil National et le bureau politique a été très vive. Lors de la réunion, dimanche, les membres du parti scandaient des slogans pour appeler au retrait des ministres USFP du gouvernement.
«Le Bureau politique était majoritairement contre cette idée et il a décidé de quitter la session du Conseil National. Le Conseil National, lui-même, n’a pas osé prendre de décision. Il a préféré éviter une crise interne au parti», raconte Zohair Maazi, 24 ans, adhérent de l’USFP et membre du Mouvement du 20 février. «Le bureau politique est, en effet, l’organe exécutif du parti il doit exécuter ce que le Conseil National décide. Finalement, le Bureau Politique a décidé de reporter la décision à la prochaine session du Conseil National prévue le 19 ou 20 mars prochain,» explique le jeune homme.
Alors que le bruit court d’un prochain remaniement ministériel, les ministres USFP sont bousculés. Remplacés, maintenus ou démissionnaires, trois possibilités désormais s’ouvrent à eux. Pour Mountassir Sakhi, partisan du retrait de l’USFP du gouvernement, «nous réclamons simplement une monarchie parlementaire. L’USFP a toujours milité pour cela, même si dernièrement elle a eu tendance à laisser ces revendications de côté. C’est le bon moment pour revenir dans l’opposition.»
Du moins le parti fait part, dans son communiqué, de sa fierté de la jeunesse marocaine après le mouvement du 20 février, qui a «exprimé avec maturité et responsabilité sa volonté de combat pour un Maroc démocratique, libre et développé.» «Nous, jeunes de l'USFP et membres du Mouvement du 20 février, appelons à de nouvelles manifestation le 20 mars prochain», annonce Mountassir Sakhi.