Douze nouveaux accords de tourisme entre le Maroc et la Russie ont été signés pour attirer 85 000 visiteurs russes au royaume en 2016, écrit l'agence d'information russe Sputnik en préambule d'un article sur la destination marocaine. Une ambition plutôt modeste, qui peine à drainer le marché touristique russe au Maroc. Pour rappel, les années précédentes, pas plus de 30 000 touristes russes avaient choisi de poser leurs valises au royaume le temps d'un séjour.
D’ici à la fin d’année, le chiffre pourrait atteindre ou dépasser les 60 000 touristes en provenance de la grande puissance de l'Est, a déclaré Samir Sussi Riah, chef de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) pour la Russie et la Communauté des États indépendants, dans une interview à l'agence RIA Novosti. Soit un cran en dessous de l'objectif de départ qui laisse perplexe sur les 200 000 visiteurs russes espérés à l'horizon 2018.
Concurrence et opportunités pour le Maroc
Pourtant, le royaume aurait pu profiter de l'année 2016 pour engranger des positions favorables auprès du marché touristique russe. En effet, pour les Russes, le Maroc est une nouvelle destination comparable à d'autres endroits exotiques ensoleillés comme l'Egypte et la Turquie. D'après les réservations des professionnels du tourisme russe, le Maroc figure parmi les principales destinations de vacances de l’été 2016, comme la Bulgarie, Cuba, la Chine, Israël, la Grèce, l’Iran, le Vietnam et la Thaïlande.
L’Egypte, en proie à une conjoncture politique délicate, a en revanche été mise au ban. Les liaisons aériennes russes ont été temporairement suspendues à destination de ce pays. En cause, l'attentat terroriste perpétré sur un Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet, qui avait tué 224 personnes en octobre 2015.
La Turquie est également sur le banc de touche. Outre un climat d'insécurité lié aux attentats survenus entre 2015 et 2016 à Istanbul et Ankara, notamment, le pays doit faire face à un décret sur des mesures restrictives prises par Vladimir Poutine, peu après la destruction du bombardier russe Su-24, abattu en novembre 2015 par les forces aériennes turques. Une décision du président russe qui interdisait les vols charters vers la Turquie, ainsi que la vente de produits touristiques des agences de voyages vers ce pays.
Campagnes tunisiennes
D'autres destinations ont toutefois réussi à tirer leur épingle du jeu. C'est le cas de la Tunisie, qui occupe la première place des destinations de voyages à l'étranger pour les touristes russes sur la période janvier-mai 2016. En juin 2016, le représentant de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) en Russie, Abdelmajid Kahlaoui, avait annoncé prévoir un demi-million de touristes russes.
Parmi les mesures prises pour préserver le marché russe, le renforcement du transport aérien, l'instauration de tarifs adéquats pour leur séjour, outre l'intérêt accordé à l'aspect sécuritaire. Enfin, quelque 2 millions d'euros ont été consacrés à des campagnes de promotion de la destination Tunisie auprès de ce marché.
Ezzedine Grami, commissaire au Tourisme de la région de Hammamet, interrogé par Kapitalis, ne s'y méprend pas : «Nous espérons sauver la saison avec les Algériens et les nationaux. Les Russes sont 'acquis' et les deux rotations par semaine de Tunisair sur Moscou vont encourager et augmenter substantiellement les arrivées».
Le succès du pays du Jasmin sur le marché russe rend les résultats du Maroc, en demi-teinte, encore plus décevants. Une claque qui n'a pourtant pas douché les espoirs de la «Vision 2020». En effet, le gouvernement marocain espère toujours attirer près de 2 millions de Russes par an d'ici à 2020. Le prochain ministre du Tourisme aura du pain sur la planche.