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Grand Angle

Hépatite C : Un premier bilan très encourageant du médicament générique

L’hépatite C, maladie longtemps négligée, représente un problème de santé publique considérable dans le monde. Aussi dangereuse que le sida, le paludisme ou la tuberculose, cette hépatite virale touche 185 millions de personnes sur la planète, dont 700 000 en meurent chaque année. Sans vaccin pour l’instant, un traitement est toutefois disponible dans plusieurs pays, et depuis près d'un an au Maroc. Premier bilan.

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Le VHC, autre dénomination du virus, se caractérise par une forte diversité génétique. / DR
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L’hépatite C est un fléau au royaume. Preuve en est des 625 000 personnes atteintes de cette infection chronique au Maroc, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), où elle est sous-diagnostiquée. La transmission de cette infection est particulièrement élevée auprès des personnes hémodyalisées et des usagers de drogues injectables, entre autres.

Le VHC, autre dénomination du virus, se caractérise par une forte diversité génétique, celle-ci désignant le degré de variétés des gènes présents au sein d'une même espèce. Six génotypes et plusieurs sous-types ont été identifiés, d’après l’étude nationale «PRACTICE», réalisée par la Société marocaine des maladies de l’appareil digestif en 2006. Ainsi, les génotypes dominants correspondent au type 1 (56 %), suivis du génotype 2 (42 %). Les génotypes 3 et 4 se font plus rares, tandis que les génotypes 5 et 6 n’existent pas au Maroc.

Le ministère de la Santé a élaboré un Plan stratégique national (PSN) de lutte contre les hépatites virales (HV) pour la période 2016-2021, dans le sillage que la stratégie de l'OMS. Ce PSN ne débutera qu’en 2017, retardé par les élections. Son objectif ? Réduire les nouvelles infections par les HV de 30 % d’ici 2021 et la mortalité causée à 10 %.

Le SSB®400, le moins cher au monde

Le 14 septembre 2014, le laboratoire pharmaceutique américain Gilead Sciences, qui a le premier commercialisé le sofosbuvir, l’une des molécules développée comme médicament dans le traitement de l'hépatite C, avait signé des accords de licence exclusive avec des fabricants de génériques basés en Inde pour étendre l’accès à son médicament contre l’hépatite C dans 91 pays en développement, excluant 100 autres pays dont le Maroc. De fait, 73 millions de personnes, soit plus de la moitié des malades dans le monde, n’ont pas pu en bénéficier.

Depuis décembre 2015, au Maroc, un traitement «miracle» est accessible contre l’hépatite C - l'un des moins cher à l’échelle internationale - : le SSB®400. Ce générique est commercialisé par Pharma 5, premier laboratoire à le produire au royaume. Il est disponible à un tarif 100 fois moins élevé que celui commercialisé aux Etats-Unis (800 000 dirhams) et près de 50 fois moins cher qu’en France (451 000 dirhams). En septembre 2016, un autre laboratoire marocain, Galenica, a obtenu l'autorisation pour la commercialisation des molécules à base du traitement, le sofosbuvir et le daclatasvir, à un prix similaire. La bithérapie par voie orale (deux molécules sofosbuvir+daclatasvir) consiste en un traitement de 3 mois.

Au Maroc, le SSB®400 est commercialisé à 3 000 dirhams la boîte. L’Agence nationale de l’assurance-maladie obligatoire (ANAM) a intégré le sofosbuvir dans la liste des médicaments remboursables par l’Assurance-maladie obligatoire (AMO).

Rémission et efficacité

Le nouveau médicament générique appartient à une nouvelle génération d’antiviraux à action directe qui permettra la prise en charge et le traitement définitif, à faible coût, des personnes atteintes et diagnostiquées de l’hépatite C au Maroc.

Contacté par Yabiladi, Mohammed Zniber, membre du bureau exécutif de l’International treatment preparedness coalition (ITPC), affirme que les résultats de cette thérapie au Maroc sont proches de ceux recensés à l’international, avoisinant les 95 % de rémission pour les 5 000 patients marocains traités à ce jour, selon des données provenant de laboratoires marocains. 

Mohammed Zniber explique également que l’efficacité du traitement dépend du génotype du VHC et de l’état d’avancement du virus. L’appréciation du génotype est importante pour déterminer la durée et le choix thérapeutique, apprécier l’évolution de la maladie et anticiper la réponse au traitement. Les cas les plus difficiles à traiter, simplifie-t-il, sont les patients atteints d’un cancer du foie ou d’une cirrhose.

Mustapha Benazouz, gastro-entérologue et ancien professeur à la faculté de médecine à Rabat, confirme l’«extrême efficacité» du SSB®400, avoisinant les 98 % selon ses observations. «L’efficacité et la tolérence baissent un peu avec les malades ayant une cirrhose avancée. Les malades à cirrhose décompensée (stade très avancé de la cirrhose, ndlr) sont à traiter avec beaucoup de précaution», conclut le médecin.

Article modifié le 2016/09/29 à 17h13

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