Parallèlement à la campagne électorale qui a débuté samedi 24 septembre, la formation d’extrême gauche Annahj Addimocrati (Voie démocratique) va mener une campagne en faveur du boycott des législatives. A Casablanca, les sympathisants et militants du parti ont sillonné les ruelles de l’ancienne médina pour mobiliser plus de citoyens «boycotteurs». Si la marche n’a pas été autorisée par les autorités, elle n’a toutefois pas été interdite.
«Nous sommes sortis comme les autres partis politiques qui participent aux élections. Il y a ceux qui présentent des candidats et ceux qui disent participer sans présenter de candidats», nous explique ce mardi Mustapha Brahma, secrétaire général d’Annahj Addimocrati. D’après lui, il n’est pas nécessaire de disposer d’une autorisation pour mener cette campagne. «Nous n’avons pas besoin d’une autorisation puisqu’aucun parti n’en a eu», se défend-t-il.
Un avis que les autorités locales ne partagent pas, puisque la marche pro-boycott a été interdite hier dans le quartier casablancais de Sidi Bernoussi. «Celle de dimanche n’a pas connu d’incidents mais celle d’hier a été interdite. Les autorités locales ont même tenté de nous arracher nos banderoles et nos flyers et il y a eu de la violence», rapporte la figure de proue de cette formation.
Bien que la campagne électorale ne batte pas encore son plein et démarre tout doucement, certains Marocains ont d’ores et déjà tranché : ils ne se rendront pas aux urnes le 7 octobre prochain. D’autres, en revanche, se tâtent encore. Ceux-ci constituent d'ailleurs le cœur de cible de la campagne pro-boycott d’Annahj Addimocrati. «Seulement 7 millions de Marocains vont voter. Nous voulons que ces gens boycottent eux aussi ces élections pour qu’il y ait un changement réel au Maroc», renchérit Mustapha Brahma. Selon lui, «la majorité des Marocains boycottent et ne votent pas».
PAM et PJD, les «deux faces d’une même pièce»
«Applaudie» par les citoyens dimanche, selon le parti, sa campagne arrivera peut-être à faire changer certains avis, espère-t-on dans ses rangs. Annahj Addimocrati appelle en effet à «l'adoption d'une nouvelle Constitution qui répond aux exigences du citoyen et des changements réels». La formation d’extrême gauche veut également «des élections transparentes, mais avant tout, un vote sans listes électorales et un Comité indépendant pour surveiller ses élections», plaide Mustapha Brahma.
Revenant sur la campagne électorale officiellement lancée samedi, ce dernier persiste et signe. «Pour les programmes politiques, je constate qu’il y a une ressemblance flagrante entre chacun d’entre eux. Ils vendent tous du rêve aux Marocains puisqu’ils sont tout simplement irréalisables», déclare-t-il. «Le gouvernement actuel avait promis une croissance de 7 % et nous nous retrouvons avec une croissance de 1,5 % et une dette publique énorme», se presse-t-il de rappeler. Notre interlocuteur revient également sur les principaux événements qui ont précédé la campagne électorale, à l’instar de la marche de Casablanca contre Abdelilah Benkirane et les processus d’accréditations, qualifiant ces pratiques de «futilité politique».
Mustapha Brahma accuse «le Makhzen» d’être à l’origine des maux du pays. Quant au Parti de la justice et du développement (PJD) et au Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), le secrétaire général considère qu’ils ne sont rien que «deux faces d’une même pièce». «Le Makhzen nous présente aujourd’hui deux faces de la même pièce et une polarisation artificielle entre le PJD et le PAM», dit-il, déplorant que «les pauvres de ce pays continuent de sombrer dans cette pauvreté et les riches et la bourgeoisie libérale continuent d’amasser des fortunes». Il prédit même un taux d’abstention important lors du prochain rendez-vous électoral. «Rien ne changera et le taux de participation ne dépassera guère les 20 %», affirme-t-il.