Presque trois mois après sa désignation à la tête du Polisario, Brahim Ghali effectue un remaniement dans la composition de l'équipe que lui a léguée son prédécesseur, Mohamed Abdelaziz. «Une opération qui sera suivie par d’autres initiatives similaires dans les prochains mois en vue d’asseoir l’autorité du nouveau chef», nous confie une source associative à Laâyoune.
Pour ce faire, Brahim Ghali compte s’appuyer sur des factions tribales longtemps marginalisées durant les années Mohamed Abdelaziz. «C’est dans ce cadre que s’inscrit la nomination d’Ali Sayed Bachir à la tête du "ministère de l’Intérieur". C’est une main tendue de la part de Ghali aux Rguibates-Bouihates. Un geste afin de calmer l’ampleur des protestations dans les camps», explique-t-il.
Cette composante, numériquement la plus importante des Sahraouis dans les camps de Tindouf, est réputée proche d’Omar Hadrami. L’homme politique est toujours très populaire auprès des membres de sa tribu. En 2012, les résultats d’une enquête sur les personnalités sahraouies les plus populaires à Tindouf avaient révélé que Omar Hadrami est arrivé premier alors qu’il avait rallié le royaume depuis 1989. Mustapha Selma est également issu des Rguibates-Bouihates.
Retour en force d’El Bouhali à la tête de l’armée
Les appels de la reprise des armes contre le Maroc s’amplifient avec la nomination de Mohamed Lamine El Bouhali à la tête des «forces de réserves». Celles-ci réunissent en principe des membres du Front ayant suivi des entrainements militaires en Libye, sous Kadhafi, et à Cuba. Ce retour est une consécration pour ce faucon du Polisario, évincé du «ministère de la Défense» par Mohamed Abdelaziz à l’issue du 14e congrès.
«Le retour d’El Bouhali est destiné uniquement à gagner la confiance de certains cercles radicaux au sein du mouvement séparatiste. D’autant que la conjoncture, avec l’affaire Guerguerate, booste les actions de l'ancien soldat de l'armée algérienne», souligne notre interlocuteur.
Ce remaniement marque le début officiel de l’ère Brahim Ghali. Son objectif principal est de «démonter progressivement l’emprise de Khadija Hamdi (veuve de Mohamed Abdelaziz, ndlr) sur les rouages de l’administration au Front. Des informations circulent dans les camps sur la prochaine cible de Ghali qui ne serait autre que le fils de Mohamed Abdelaziz, placé en 2013 à la tête d’une unité de la gendarmerie », conclut notre source. Les prochaines semaines seront décisives pour connaître la réaction de la veuve Khadija Hamdi et de son avenir à la tête du «ministère de la Culture» qu’elle occupe depuis plusieurs années.