Le Maroc vient d'adhérer au Traité d'amitié et de coopération (TAC) de l'Association des nations de l'Asie du sud-est (ASEAN). L'acte scellant cette adhésion a été signé hier au Laos par le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita. L'ASEAN, qui réunit dix pays, est au cœur de toutes les convoitises internationales.
Nul ne remet en cause aujourd'hui son importance capitale sur la scène internationale. A titre d'exemple, plusieurs pays de l'Union européenne, mais aussi les Etats-Unis, conscients de l'importance stratégique du groupement, ont mis en sourdine leurs divergences historiques avec certains pays de l'ASEAN et leurs appels au respect des droits de l'homme pour nouer des partenariats économiques et politiques.
Alors que Nasser Bourita signait l'adhésion du Maroc au TAC, le président François Hollande concluait un accord de coopération à Hô-Chi-Minh-Ville avec son homologue vietnamien Tran Dai Quang. Le premier du genre entre les deux ennemis d'hier. Barack Obama a quant à lui pris de vitesse le chef d’Etat français en se rendant en mai dernier au Vietnam pour lever l'embargo américain sur les ventes d'armes à ce pays.
Diversifier les partenaires étrangers pour parer au pire
Le royaume poursuit ainsi son ouverture sur l'Asie. Après l'étape de la consolidation de ses relations avec les géants de la région que sont la Chine et l'Inde, couronnée par des visites royales en 2015 et 2016, le voilà qui met le cap sur des pays émergents (ou en voie de l'être) du continent dans l'objectif d'ouvrir de nouveaux marchés pour les exportations marocaines et surtout diversifier ses partenaires politiques. D'autant que chaque voix compte pour le Maroc.
La question du Sahara exige en effet le ralliement sur les positions de Rabat d'un nombre important de pays membres des Nations unies. La prochaine bataille aura pour scène l'Assemblée générale de l'ONU. Les indiscrétions ayant fuité sur la teneur du rapport de Ban Ki-moon sur l'action de l'organisation en 2016, qui sera examiné à l'occasion de la 71e session de l’AG à partir du 13 septembre, font craindre une orientation défavorable du dossier.
Et si l'Algérie et le Polisario misent essentiellement sur l'Union africaine et quelques pays d'Amérique latine, le royaume tente d'élargir le spectre de ses alliances. Ainsi, depuis février 2014, il est membre observateur de l'Alliance du pacifique, qui réunit le Chili, le Mexique, la Colombie et le Pérou. La reconnaissance du Mexique de la «RASD» n'a pas constitué un frein à l'adhésion du Maroc à ce groupement. Plus de 30 pays, dont les Etats-Unis et Israël, bénéficient également du même statut.
Cet élan d'ouverture sur d'autres partenaires étrangers pourrait bénéficier du retour officiel du Maroc dans l'Union africaine pour tirer pleinement profit du projet de zone de libre-échange prévue en 2017 et tenter de modérer les positions hostiles de l'UA aux intérêts marocains sur la question du Sahara.