Les données ethniques vont bon train dans la cité biterroise. Robert Ménard, maire de Béziers (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées), connu pour ses accointances avec le Front national, a évoqué ce lundi une classe de sa ville dénombrant « 91 % d’élèves musulmans», plus d’un après sa sortie médiatique (et polémique) sur la proportion des enfants scolarisés dans sa ville de confession musulmane, en mai 2015.
«Dans une classe du centre-ville de chez moi, 91 % d'enfants musulmans. Évidemment que c'est un problème. Il y a des seuils de tolérance. On n'ose pas le dire : 91 % d'enfants musulmans. Vous ne mettez pas les vôtres dans cette école-là, vous demandez une dérogation à la carte scolaire et vous allez dans le privé. C'est ça la réalité», a-t-il déclaré sur LCI. Un chiffre dont il n’a pas communiqué la source et qui relève de la statistique ethnique, pourtant interdite en France.
Comment fait donc Robert Ménard pour distinguer un musulman d’un non-musulman ? En se basant non pas sur le prénom, cette fois-ci, mais sur le visage, puisqu’un musulman est forcément arabe. «Je sais que vous n'êtes pas musulmane [...] C'est drôle, vous n'êtes pas arabe. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise : ça se voit. Ça se voit sur votre visage. Pardon», assène-t-il face à la journaliste.
«Etre français c'est aussi (…) être Européen, blanc et catholique, bien sûr»
Il a également «redéfinit» la nationalité française : «être français c'est aussi, comme le disait le général De Gaulle, être Européen, blanc et catholique, bien sûr». Une citation à laquelle s’était également référée la députée européenne Nadine Morano, prêtée à Charles de Gaulle le 5 mars 1959 par son biographe Alain Peyrefitte, en pleine guerre d’Algérie : «Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne». Sauf qu’aucune trace ne permet d’identifier ce texte d’après le Monde, à part dans les écrits d’Alain Peyrefitte.
«Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.» #DeGaulle menteur ?
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 5 septembre 2016
Une sortie face à laquelle se sont indignés la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et SOS Racisme, qui ont annoncé à Europe 1 qu'elles vont saisir leur commission juridique pour étudier les propos de Robert Ménard. «Ménard bat les records de l'ignominie et de la connerie. C'est un pétainiste qui nie les valeurs de la France et de la loi de 1905 sur la laïcité», a fustigé Alain Jakubowicz, président de la Licra.
Nous signalons au Parquet les propos incitant à la haine raciale de Robert #Ménard ce matin sur @LCI pic.twitter.com/Qm7m6yGxws
— LICRA (@_LICRA_) 5 septembre 2016
Dominique Sopo, président de SOS Racisme, Dominique Sopo a quant à lui dénoncé «des propos racistes, des propos d'exclusion dont Ménard est coutumier». «Il a une recherche obsessionnelle d'une forme de pureté raciale et de religion».
En mai 2015, l’édile d’extrême droite de Béziers, élu en 2014 avec le soutien du Front national, avait déjà créé la polémique en dressant le profil ethnique des écoles publiques de la ville : «64,6 % d'élèves de confession musulmane dans les écoles publiques de Béziers, une estimation basée sur les chiffres de [la] mairie», avait-il affirmé. Il s’appuyait sur les «prénoms» des écoliers qui, prétendait-il, «disent les confessions».