La chambre disciplinaire du conseil régional de l’Ordre des médecins Rhône-Alpes s’est réunie samedi 3 septembre à Lyon pour statuer sur la plainte déposée par Myriam, une femme musulmane et voilée contre une médecin en Isère qui avait refusé de lui prodiguer des soins lors d’une consultation en juin 2015.
Si le conseil régional de l’Ordre des médecins Rhône-Alpes n’a pas encore rendu sa décision finale, le président du Conseil de l’Ordre des médecins de l’Isère, Pascal Jallon, soutient sa collègue. Ce dernier estime qu’il ne s’agit pas d’une affaire de voile, mais plutôt d’une consultation qui aurait dégénéré, note Le Dauphiné.
«Contrairement à ce qu’on entend, il n’y a pas eu de refus de soins. Cette femme a été auscultée, elle a eu droit à une consultation et à une prescription», a-t-il affirmé. «Ce n’est pas au patient de juger de la qualité d’une consultation ou d’une prescription. Si un patient n’est pas content, il peut changer de docteur», a-t-il ajouté tout en excusant les propos de sa consœur, déclamés «sous le coup de la colère» d’après lui.
La patiente accusée de «radicalisme»
De son côté, Maître Hosni Maati, l’avocat de la patiente, a souligné que sa cliente aurait refusé de payer et que la docteure aurait déchiré l’ordonnance avant de tenir des propos qui ont été filmés par la plaignante avec son téléphone portable et avec l’assentiment du médecin. «Ce médecin a écrit par la suite qu’elle soupçonnait ma cliente de faire partie d’un mouvement radical. Et elle a confirmé ses opinions devant la chambre disciplinaire. Je suis choqué par cette conversation. Quand bien même elle aurait peu d’estime pour la tenue de ma cliente, ce qui est son droit, elle a des obligations déontologiques», a-t-il dit.
Myriam, mère de quatre enfants, s’était rendue l’année dernière dans son cabinet médical pour une consultation. Elle avait été redirigée vers la remplaçante de son médecin traitant, celui-ci étant en congé au moment des faits. La conversation avait ensuite dégénéré à cause du voile de la patiente et de sa remarque sur l’ordonnance.
Après les faits, la patiente avait déposé une plainte que le parquet de Chambéry avait classée sans suite. La chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins Rhône-Alpes devrait rendre sa décision d’ici un mois.