«En rentrant de Marrakech jeudi à 3 heures du matin, nous sommes arrivés à Casablanca et nous avons pris la périf’ pour aller au quartier Bernoussi chez nos proches». C'est ainsi que Mohamed Tahiri débute son récit, en nous indiquant qu’il était accompagné de cinq autres membres de sa famille lors de ce voyage. Une voie express urbaine presque déserte à une heure pareille.
Arrivée vers la sortie de Hay Mohammadi, le conducteur, qui roulait à presque 100 km/h, aperçoit un groupe de six personnes et pense qu’ils ont juste l’intention de traverser. «Ils étaient six jeunes personnes, âgés de 20 à 25 ans et j’ai cru qu’ils allaient traverser. J’ai ralenti pour les contourner mais ils se dirigeaient en fait vers ma voiture, et chacun avait un objet dans ses mains», nous raconte-t-il.
Les jeunes étaient en effet équipés d'une chaîne avec une boule de fer, de grands couteaux et de pierres, indique Mohamed Tahiri sur sa page Facebook. Une information qu’il nous confirme ce vendredi. «La chaîne avait une sorte de boule à son extrémité», nous indique-t-il en notant que le lancer de cette chaîne a gravement touché la vitre arrière de son véhicule. Les agresseurs visaient plutôt le pare-brise pour obliger le conducteur à s’arrêter. Par chance, les autres passagers du véhicules dormaient au moment de l'agression. Ainsi, aucune personne n’a été blessée.
Autorités locales, une réaction qui laisse à désirer
Mais là où le bât blesse, c’est la réaction des autorités locales. «Une brigade de la police était à seulement 300 mètres de l’autre partie du périf’. Nous nous sommes donc arrêtés à leur niveau et nous leur avons fait signe pour venir vers nous», poursuit-il. Les policiers font demi-tour pour se placer de leur côté. «Ils nous ont dit qu’ils ne s’occupaient pas de cette zone du périf’ et nous ont invités à déposer la famille tout d’abord à la maison.»
Le lendemain, Mohamed Tahiri décide d’aller porter plainte auprès des autorités. Un périple qui le mènera dans trois différents commissariats. «Je me suis d’abord rendu au commissariat le plus proche du lieu de l’incident, à savoir le commissariat numéro 27 de Bornazil où nous avons été accueillis par le commissaire», raconte Mohamed. Son interlocuteur finira par lui dire que «son commissariat ne s’occupe pas de la zone indiquée et qu’il faut se rendre dans celui de la Rocade».
Un commissariat proche du Marjane Derb Sultan, situé 100 mètres avant la sortie vers l’avenue Mohammed VI. L'officier du poste évoque le fait qu’ils «ne s’occupent que des problèmes liés à la route périphérique et des accidents de la circulation avant [les] inviter à se rendre au commissariat numéro 26». Les responsables de ce dernier finissent par indiquer au MRE qu’ils ont des zones précises et l'invitent à revenir vers le poste de police portant le numéro 27.
«Le commissaire et des officiers étaient sur le point de quitter le poste pour aller déjeuner. Nous lui avons rapporté les propos des autres commissaires», dit-il en précisant qu’un officier a finalement été chargé de prendre les déclarations, réclamant des copies et des documents que Mohamed n’avait pas sur lui. Las, il finira par laisser tomber : «Je devais m’y rendre l’après-midi mais je n'y suis pas retourné».
Machettes et sabres font désormais partie du décor...
«Ce n’est pas normal ce qui s’est passé. Comment cela se fait-il qu’un groupe de jeunes aient suffisamment de culot pour faire un barrage à 300 mètres seulement d’une brigade et à moins d’un kilomètre d’un commissariat ?», s'interroge-t-il. «Ces jeunes s’en fichent de la police, ou alors ils connaissent cette faille qui est un problème d’organisation». Pour la brigade de l’autoroute, Mohamed estime que les policiers «auraient dû» les accompagner au commissariat le plus proche et alerter les autres brigades de permanence pour localiser «ce groupe dangereux».
Mais son périple entre les différents commissariats casablancais ne l’a pas découragé à alerter les gens sur l’incident pour essayer d’éviter des situations pareilles. « Je ne peux même pas imaginer ce qui aurait pu se passer s’ils (les membres de la bande, ndlr) avaient réussi à nous arrêter », dit-il. Et ce n’est pas la première fois. Le garagiste chez lequel il se rend pour réparer sa voiture lui confie qu’un autre automobiliste a eu la même histoire au niveau du quartier Deroua. «Je savais que voyager la nuit était dangereux. Mais quand j’y pense, ce n’est pas la nuit qui pose problème puisqu’on était au centre d’une ville avec des lumières partout, des caméras et la police juste à côté mais pas de sécurité», s’indigne-t-il.
«Dans le garage où je suis actuellement, vers le rond-point de Sidi Othmane, un groupe de jeunes vient de traverser. Un type porte une machette et vient de traverser devant des policiers qui ne les ont même pas interpellés», nous décrit-il en guise de conclusion.