La mésaventure de plusieurs Marocains résidant à l’étranger (MRE) à bord d’un ferry italien Grandi Navi Veloci (GNV) reliant Tanger à Sète via Barcelone continue de susciter le scandale. De nouveaux témoignages nous sont parvenus par deux autres MRE qui ont voyagé depuis samedi dernier entre Tanger et Sète, où elles sont finalement arrivées lundi 29 août.
Sonia, une MRE d’Italie nous confie mardi soir que «ce n'est pas la première fois» qu’elle voyage à bord d’un bateau du transporteur italien pour regagner son pays d’origine. «Il n’y a que cette compagnie qui fait la traversée Tanger-Sète et nous sommes obligés de la prendre par défaut», nous indique-t-elle.
Pourquoi cette traversée aurait pris plus de temps que prévu ? Une question que nous avons posée aux services de la compagnie italienne de transport par mail, sans réponse. Sonia semble toutefois en connaître la raison : selon elle, il n’y avait qu’«un moteur sur trois qui marchait et le ferry naviguait à 15 km par heure, ce qui est vraiment très lent».
GNV aurait programmé «le SNAV Sardegna» à la place d’un autre ferry, croit-elle également savoir. Or, le premier ne serait «pas adapté aux longs trajets». Preuve en est qu’un autre bateau GNV, parti du port de la ville du Détroit à 16 heures, serait «arrivé avant le ferry en question».
Sa version et celle d’Abdelilah Haddoud semblent concordantes. Sonia ne manque pas d’apporter plus de précisions sur la situation vécue. «Aucune climatisation, ils ont tout coupé et ne voulaient rien savoir. Nous voulions parler à un responsable, ça a été impossible», se rappelle-t-elle. Le ferry est arrivé à Barcelone à 1 heure du matin le 28 août. Le retard de plusieurs longues heures aurait été pire, fait remarquer notre interlocutrice. «Il (le ferry, ndlr) est parti de ce port à 7 heures du matin grâce à la pression de plusieurs personnes qui manifestaient devant la cabine du commandant de bord», indique-t-elle.
Revenant sur la situation à bord de la navette, Sonia nous affirme que la cafeteria et le restaurant étaient fermés. «Des personnes diabétiques voulaient boire de l'eau et n’ont pas pu être servies. C'était incroyable et inhumain», s’indigne-t-elle.
Un témoignage en vidéo
Une information confirmée par les vidéos et images qui nous sont parvenues par Saida. Cette Marocaine qui réside à Montpellier a coiffé la casquette du «reporter» lors de cette traversée pour filmer les conditions d’hygiène et la situation des passagers. La vidéo fait état d’un restaurant presque vide, si ce n’est les tables et les fauteuils qui y sont installés. «Pas de nourriture ni de bouteilles d’eau en cette journée de retard», mentionne-t-elle dans son commentaire. Niveau confort, les images montrent des gens qui dorment à même le sol, tantôt en utilisant des matelas, tantôt de simples couvertures.
«Des familles ayant déboursé entre 2 000 et 3 000 euros n’ont pas trouvé de chambres adéquates où dormir», dit Saida, soulignant l’absence d’animation ou de salles de jeux pour les enfants. Ces derniers étaient obligés d’inventer des jeux ou de s’occuper comme ils pouvaient pour passer le temps, selon son récit.
L’état des toilettes et des douches ne passe pas inaperçu non plus. Les images montrent l’absence de lumière dans les sanitaires «très crades». «Je n’ai jamais voyagé dans de telles conditions. Pour les toilettes des femmes, ces dernières sont obligées de ramener des bouteilles d’eau pour se laver parce que même du papier toilette, y en a pas», s’insurge-t-elle.
«J’ai raté deux jours et une nuit de travail, je ne vais pas les laisser tranquille», nous répond-t-elle à la question de savoir si elle compte faire une réclamation auprès de la compagnie italienne.