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Grand Angle

PAM et PJD : Une alliance qui n'est pas impossible au regard de l'histoire politique du Maroc

Malgré les divergences criantes entre le PAM et le PJD, une alliance entre les deux formations reste envisageable. L’histoire moderne du Maroc est truffée d'exemples de coalitions gouvernementales hétéroclites, parfois même entre deux partis ennemis. Flashback.

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L'une des rares photos montrant Abdelilah Benkirane et Ilyas El Omary ensemble. / DR
Temps de lecture: 3'

Un gouvernement réunissant le PJD et le PAM est-il possible ? Malgré les profondes divergences qui opposent ces deux formations, une coalition gouvernementale demeure envisageable, surtout en cas de faible écart entre les deux partis à l’issue des législatives du 7 octobre. De toute évidence, les directions respectives de la Lampe et du Tracteur ne seront pas à court d’arguments pour justifier à l’opinion publique et à leurs bases respectives un éventuel mariage de raison. Dans cet exercice de communication, l’histoire moderne du Maroc leur sera d’un apport considérable. Voici quelques exemples où des intérêts politiciens et personnels ont pris le dessus sur des déclarations maintes fois réitérées à l’occasion de meetings et de campagnes électorales.

1963 : Le FDIC et l’Istiqlal main dans la main

C’est dans un contexte politique pesant qu’Ahmed Guedira, ami de Hassan II, fondait en avril 1963 le FDIC (Front de défense des institutions constitutionnelles), l’ancêtre du PAM en quelque sorte. Sept mois plus tard, le parti remportait la première place aux élections législatives avec 69 sièges à la Chambre des représentants. L’Istiqlal, son ennemi juré, est arrivé second avec 41 députés, alors que l’Union nationale des forces populaires (UNFP) de Mehdi Ben Barka s’est classée troisième avec 28 sièges. Après des discussions, le PI acceptait de mettre sous le boisseau ses différences avec la formation de Guedira et rejoignait le gouvernement d’Ahmed Bahnini.

1983 : L’USFP au gouvernement Lamrani avec les partis «administratifs»

En 1982, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) admettait dans ses rangs la «RASD». Le roi Hassan II, tout en dénonçant cette décision, a tenté de rassembler les grandes formations politiques légales dans un même gouvernement. L’USFP d’Abderrahim Bouabid a ainsi répondu présent pour une participation au cabinet de Karim Lamrani avec deux postes : un ministère d’Etat sans portefeuille attribué à Abderrahim Bouabid, premier secrétaire du parti de la Rose - c’était d’ailleurs son deuxième après celui de 1957 dans le cabinet Bekkay - et un autre de la Coopération offert à Abdelwahed Radi. Pour défendre les «intérêts de la Nation» sur la scène continentale et internationale, l’USFP acceptait de siéger avec des partis qu’il qualifiait, quelques années auparavant, d’ «administratifs» et à «la solde du Makhzen»

1998 : Les formations administratives donnent la majorité à El Youssoufi             

A l’issue des élections législatives de 1997, l’USFP d’Abderrahman El Youssoufi arrive premier avec 57 sièges. Sur le papier, ce résultat est loin de lui assurer la présidence du gouvernement. Mais Hassan II avait d’autres projets. Cela faisait plus de trois ans qu’il était en négociations avec l’opposition pour la convaincre de former un cabinet. En effet, sa première tentative avec l’Istiqlal de M’Hamed Boucetta n’avait pas été concluante. Nullement découragé, le monarque avait engagé des discussions avec l’USFP qui avaient abouti, en 1996, à une modification de la constitution et à la tenue d’élections anticipées l’année suivante. Pour baliser le terrain de la primature pour El Youssoufi, des partis administratifs avaient été appelés en renfort pour appuyer l’expérience voulue par Hassan II.

2013 : Mariage de raison entre le PJD et son ex-ennemi, le RNI

Le 11 mai 2013, le conseil national de l’Istiqlal décidait de se retirer du gouvernement Benkirane. Placé en minorité, le cabinet dirigé par le PJD était contraint de chercher une issue de secours. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), pourtant qualifié d'ennemi, se présentait comme la meilleure solution pour remplacer le départ des amis de Hamid Chabat. Une longue négociation s’était alors engagée entre les deux partis. Le 10 octobre, le gouvernement Benkirane II voyait le jour. Les ennemis d’hier posaient côte à côte sur la photo de famille du cabinet.

Voir une telle photo réunissant des islamistes de la Lampe et des cadres du Tracteur, au lendemain des législatives du 7 octobre, n'est donc pas chose impossible. 

Article modifié le 2016/08/29 à 16h07

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