A leur corps défendant, Omar Benhammad et Fatima Nejjar relancent une vieille revendication des associations modernistes pour dépénaliser les relations sexuelles consenties entre adultes hors mariage. En empruntant, samedi matin, la route qui sépare la gare ferroviaire de Mohammedia de la côte de Mansouria, les deux anciens vice-présidents du Mouvement unicité et réforme (MUR) ne croyaient pas que leur projet d’union, auquel s’opposaient leurs familles respectives, allait unir islamistes et laïcs dans un même front. Les deux camps réclament désormais des modifications de textes de loi en vigueur au Maroc.
L’article 16 du code de la famille dans le viseur des islamistes
Même si aucune coordination n’est envisagée sur ce dossier, les deux forces partagent pourtant le même objectif : les islamistes souhaitent une légalisation du «mariage conventionnel». Selon eux, il serait conforme à la religion musulmane. C’est la position défendue par Ahmed Raissouni, Hammad Kabbadj, Hassan Kettani et Mohamed El Fizazi. Une liste qui vient de s’élargir avec l'élan de solidarité de Mustapha Moâtassim, secrétaire général du parti Al Badil Al Hadari (Alternative citoyenne) dissout en 2008 sur une décision du Premier ministre Abbas El Fassi.
Une position qui les met en totale contradiction avec l’article 16 du Code de la famille de 2004. Celui-ci stipule que le «document de l’acte de mariage constitue la preuve valable du mariage». Néanmoins, la loi autorise les actes conclus avec la Fatiha. Une dérogation qui ne semble guère séduire certains islamistes. Même si le Parlement a donné un délai de cinq ans supplémentaire, jusqu’à 2020, pour la reconnaissance de ces mariages traditionnels.
Les modernistes veulent une abrogation du l’article 490 du code pénal
Les modernistes se sont vite saisis de l’interpellation des deux religieux du MUR pour réclamer une abrogation de l’article 490 du code pénal. «Sont punies d'emprisonnement d'un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles», prévoit-il en effet.
Hier, la section marocaine d’Amnesty International a publié un communiqué en faveur de l’annulation de cet article. A cette action s’ajoute une pétition qui circule sur la Toile revendiquant le même objectif.
Mais cette «incursion» des laïcs n’est pas appréciée par certains islamistes qui dénoncent l’«instrumentalisation» de l’arrestation de Omar Benhammad et de Fatima Nejjar pour plaider la cause des libertés individuelles au Maroc.