Avec l'aval de l’Algérie, le Polisario a opéré un changement dans sa contre-offensive diplomatique en Afrique. Les deux ont décidé de mettre le cap sur les pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO). En témoigne, la visite effectuée par M’Hamed Khadad, le coordinateur du Front avec la Minurso au Cap-Vert, pourtant un Etat signataire de la motion adressée le 18 juillet à la présidence du sommet de l’Union africaine (UA) de Kigali réclamant la suspension de la «RASD» des instances de l’organisation panafricaine.
Même si l’archipel avait décidé en juillet 2007, suite aux efforts du Maroc dans le sillage de la présentation du plan d’autonomie, de «suspendre» sa reconnaissance de la république auto-proclamée, force est de constater que le Polisario n’a pas totalement perdu ses relais dans les arcanes du pouvoir dans ce pays. Ainsi à Praia, la capitale, M’Hamed Khadad a été reçu avec les honneurs. Il a eu droit à un entretien en tête-à-tête avec le président intérimaire George Pedro Mauricio dos Santos.
Cap sur un autre pays de la communauté de l’Afrique de l’Ouest
Un fait qui devrait alerter la diplomatie marocaine. Le Cap-Vert connaîtra le 2 octobre une élection présidentielle. La principale formation de l’opposition, le Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert, pourrait l’emporter. Son candidat à ce scrutin pourrait être l’ancien Premier ministre José Maria Neves. Un possible revirement de Praia sur le dossier du Sahara occidental n'est pas à écarter.
Le choix du Cap-Vert s’inscrit en effet dans une stratégie qui vise à grignoter des alliés au sein de la CÉDÉAO -généralement pro-Maroc-, aux positions du Polisario et de l’Algérie sur le continent africain. Outre Praia, c'est au Niger qu'Alger poursuit son opération séduction.
Après la visite du chef de la diplomatie de Niamey, Ibrahim Yacoubou, c’est au tour de son collègue de l’Intérieur Mohamed Bazoum d’être reçu à Alger successivement par le Premier ministre algérien et les deux ministres des Affaires étrangères, Lamamra et Messahel. Cette fois, Alger a proposé d’aider le Niger à faire face aux groupes terroristes, Boko Haram particulièrement. C’est sa riposte à l'offre marocaine d’envoyer des armes à cet Etat pour lutter contre les mouvements terroristes.