L’information aurait pu passer inaperçue, mais elles ont tenu à raconter leur calvaire suite à la réclamation d’une jeune cliente, qui s’est avérée être la fille d’un magistrat de Marrakech. Houda, l’une des esthéticiennes, a accepté de reporter à Yabiladi le récit d’une journée pas comme les autres, survenue au début de ce mois d’août.
Ce qui était initialement une banale journée de travail a finalement tourné au drame pour les deux esthéticiennes ainsi qu’une troisième fille, cliente au Beaux ongles, un salon de beauté situé au Marrakech Plazza, dans la ville ocre. Une femme se rend dans le salon en y amenant ses deux filles, âgées entre 14 et 16 ans selon les déclarations de Houda.
«La dame a payé puis nous a confié ses deux filles», se rappelle cette Marrakchie. Après avoir reçu les soins nécessaires, la plus âgée des filles est priée de libérer sa place et de se rendre à l’accueil. Une demande que la jeune fille trouve insultante à son égard et à son statut social. «C’est à ce moment qu’elle a commencé à nous insulter avant d’aller chercher sa sœur et de claquer la porte», indique Houda.
«Insultes et intimidations au menu»
Quelques minutes après, la mère arrive, menaçant les employées du salon avant de contacter son mari. Ce dernier s’avère être un célèbre magistrat, très connu dans les milieux marrakchis. «Des policiers se sont alors rassemblés devant le salon, des éléments de la brigade touristique d’après ce que nous avons compris par la suite», fait savoir notre interlocutrice.
Sans aucun mandat ni papier, les éléments de la police se seraient introduits dans le salon pour chercher Houda et sa collègue Latifa, au moment où une cliente a fait savoir que les deux jeunes filles étaient innocentes. Des propos considérés par la police comme insultants, qui causeront également son arrestation.
«Ils nous ont fait monter dans l’estafette. Insultes et intimidations étaient alors au menu», raconte Houda avec une voix pleine de chagrin et d’impuissance, précisant que les policiers lui auraient dit «qu’ils allaient [leur] présenter des dossiers bien garnis». Les trois filles passeront une sale nuit au commissariat central de Marrakech. «La jeune fille a prétendu qu’on l’avait frappée et menacée alors que nous avons des caméras de surveillance qui enregistre tout en temps réel», dit Houda.
Sauvées par les caméras de surveillance
Cette dernière déplore aussi un traitement de faveur dû au poste du père de la plaignante. «Si nous étions aussi les filles d’untel, nous n’aurions pas souffert de cette humiliation pour les simples allégations d’une adolescente», déplore-t-elle.
Les policiers finissent par les relâcher suite à l’intervention du magistrat qui «se serait rendu compte que sa fille mentait», poursuit notre interlocutrice. Selon elle, seule la cliente qui s’est levée pour les défendre a été poursuivie pour insultes à l’égard d’un fonctionnaire de l’Etat.
Mais Houda ne manque pas de souligner son état psychique suite à cette affaire. «Ils m’ont insulté et ont insulté ma mère et mon père. Je ne leur pardonnerai jamais ce sentiment de hogra que je ressens encore et que je ressentirai pour longtemps», conclut-elle.