Habib Choubani est de nouveau la cible de vives critiques y compris de la part de membres du PJD. Alors que l’affaire des sept véhicules 4x4 allemands est encore toute fraîche, l’ancien ministre des Relations avec le parlement est au cœur d’une polémique sur sa demande de location de 200 hectares de terres Soulaliyates relevant du territoire administratif de la région Tafilalet-Draâ qu’il préside pour y lancer un projet agricole. La requête a été adressée, en mars, au vice-président de la commune soulaliyate de Maâdid. Cette demande est signée par Choubani et de quatre autres associés dont le député PJD, Abdellah Saghiri.
Les raisons politiques de la colère des jeunes cadres
Une fois n’est pas coutume, les jeunes cadres du PJD ont pris leurs distances avec Choubani. Ils ont rejoint le camp des opposants, mettant en garde contre les conséquences de ce projet d’investissement sur la popularité du parti de la Lampe à moins de deux mois des législatives du 7 octobre. Les jeunes du PJD assurent en chœur que la demande de location de 200 hectares est du pain bénit pour le PAM, le grand adversaire des islamistes.
Cette nouvelle affaire ne fera qu’accentuer, davantage, la division entre la vieille garde et les jeunes cadres de la Lampe. En effet, ces derniers piaffent d’impatience pour prendre le pouvoir. Il y a un mois, ils avaient plaidé sur les réseaux sociaux pour que les députés du parti ayant cumulé plus de trois ou quatre mandats laissent la place à une nouvelle élite pour accéder à la Chambre des représentants. C’est dans ce contexte que s’inscrit la colère des figures montantes du PJD. A travers Choubani, ils dénoncent indirectement d’autres «frères» qui refusent obstinément de céder le témoin.
Choubani a-t-il le droit de s’ériger en investisseur dans la région qu’il préside ?
Autre problème de taille pour Choubani, la loi organique n°111-14 relative aux régions, publiée au Bulletin officiel du 18 février 2016, qui interdit aux présidents et aux membres des 12 conseils régionaux du royaume d’avoir des intérêts privés avec la région. Le législateur marocain a consacré tout l'article 68 pour énoncer les lignes rouges à ne pas franchir.
Ainsi, il est formellement prohibé d’ «entretenir des intérêts privés avec la région, les groupements de régions ou les groupements des collectivités territoriales dont la région est membre, ou avec les instances ou établissements publics, ou avec les sociétés de développement qui en dépendent, ou de conclure avec eux des actes ou des contrats de location, d’acquisition, d’échange ou toute autre transaction portant sur des biens de la région».
Il est difficile de croire qu’au moment d’adresser sa demande de location des 200 hectares pour son projet agricole, Habib Choubani ignorait l’article 68 de la loi organique sur la région. Attaqué de toute part y compris au sein même de sa propre famille politique, le président de région a finalement annoncé ce vendredi le retrait de sa requête de location, avançant qu’un «agriculteur» de la région Darâa-Tafilalet aurait accepté de lui céder les 200 hectares.