Ilyas El Omari est la cible de vives critiques de la part de Nabila Mounib, son ex-camarade au Parti socialiste unifié (PSU). Et pour cause, elle a déclaré que l’homme fort du Parti Authenticité et modernité (PAM) n’avait pas les qualités requises pour diriger le prochain gouvernement. Elle remet en question son niveau d’études qui ne dépasserait pas, selon elle, la 9e année du cycle fondamental.
Les flèches décochées par Nabila Mounib ont contraint El Omari à réagir assez rapidement. Dans une interview accordée au site Badil.info, il a déclaré qu’il préparait un doctorat dans une université suisse sur le thème de la confrérie des Frères musulmans après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Des propos qui sont à prendre avec des pincettes. En juin, un média très proche du président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima avait annoncé qu’El Omari était titulaire, depuis 2013, d’un master en linguistique délivré par une «célèbre université parisienne». Son mémoire aurait été consacré au sujet de la «langue arabe chez les Français et les étrangers non-arabophones».
A l’approche des législatives, intérêt particuliers sur le parcours universitaire d’El Omari
La même source ajoutait qu’El Omari s’était inscrit dans la «célèbre université» lors de l’année 2010-2011. Cela l’avait contraint, avait-elle encore expliqué, à s’absenter de la scène politique marocaine entre 2010 et 2012. Le but était surtout de répondre indirectement au Parti de la Justice et du développement (PJD) qui n’a eu de cesse d’accuser le leader du PAM d’avoir quitté le pays pour la France lors de la parenthèse du Printemps arabe.
Force est de constater que les deux versions ne semblent pas concorder. Un master en linguistique décroché à Paris et le projet d’un doctorat sur les Frères musulmans en préparation en Suisse semblent difficile à concilier. En plus de cette dissonance, les deux médias ne font aucune mention de l’année d’obtention du baccalauréat par le secrétaire général du PAM, sésame indispensable pour des études supérieures au Maroc ou ailleurs.
En mars, El Omari avait pourtant reconnu dans une interview accordée à une radio privée de Casablanca qu’il n’avait pas pu poursuivre ses études. Il avait expliqué avoir été contraint de les interrompre en 9e année de l’enseignement fondamental, révélant qu’après la contestation estudiantine du Rif brutalement réprimée en 1984, il avait fui sa région natale pour se réfugier à Fès auprès d’étudiants bassistes.
Au cours de l’entretien, le SG du Tracteur avait refusé de répondre à une question sur son projet de doctorat, soulignant qu’il s’agissait là d’une affaire personnelle qui «ne regarde pas l’opinion publique».
Qu’est-ce qui a donc changé en l’espace de cinq mois ? La réponse est simple : en mars, El Omari affirmait qu’en cas de victoire de son parti aux législatives du 7 octobre, il n’avait pas l’ambition de prendre la tête du prochain gouvernement. Une question sur laquelle il a effectué une volte-face depuis juin dernier…