La levée de l’interdiction de l’importation des déchets industriels nage-t-elle en eaux troubles ? Le conseil du gouvernement aurait décidé hier de lever l’interdiction de l’importation des déchets, rapporte Telquel, s’appuyant sur une «source gouvernementale».
Quelques heures plus tard, c'est LeDesk qui lui a emboîté le pas, relayant cette fois-ci la ministre déléguée à l’Environnement, Hakima El Haité. «Je crois que c’était un malentendu avec les RDF puisque nous n’avons pas l’intention d’importer des RDF mais d’en produire», a-t-elle expliqué au site d’information.
Une décision qui n’a toutefois pas été corroborée par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Mustapha el-Khalfi, lors d’un point presse tenu hier. Ce dernier s'est contenté d'affirmer être dans «l’attente des résultats du rapport du laboratoire», précisant que le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane «[suivait] avec attention le dossier». De son côté, la MAP n’a pas pipé mot. La plupart des journaux et sites d’information non plus.
Une version ambigüe
C’est donc un voile opaque qui entoure l’information, qu’il semble difficile de lever. Que doit-on en déduire ? Deux hypothèses se font jour : soit le gouvernement aurait débloqué en catimini l’importation des déchets au profit des cimentiers ; soit des éminences grises s’activeraient en coulisse pour faire pencher la balance en leur faveur lors d’une prochaine décision gouvernementale, en jettant des ballons d'essai médiatiques via deux sources gouvernementales - à moins qu’il ne s’agisse d’une seule et même source.
Mohamed Benata, président de l’association Espace de solidarité et de coopération de l’Oriental (ESCO), planche plutôt pour la seconde hypothèse : «Sur deux pages Facebook que nous administrons (notamment Anema, ndlr), des personnes se sont invitées pour défendre la ministre, ne comprenant pas pourquoi il y avait autant d’‘archarnement’ si nous n’avions pas de preuve.» L’écologiste de préciser : «Plusieurs ‘arguments’ ont été avancés, selon lesquels l’importation de déchets au Maroc date de plusieurs années. Certes, sauf que les déchets qui sont en effet importés depuis longtemps sont des pneumatiques déchiquetés. Ce ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui.»
Les ministères de la Communication et de l’Environnement, que nous avons tentés de contacter, sont restés injoignables.