Un sit-in s’est tenu hier matin à l’intérieur de l’ancien bâtiment du protectorat espagnol à Sidi Ifni pour protester contre la «marginalisation systématique» de cette ancienne enclave espagnole, rapporte le média local Ifni 24. Huit jeunes gens ont pénétré puis occupé l’édifice pendant plusieurs heures avant d’être finalement interpellés par les autorités locales. Trois personnes ont été arrêtées.
Brandissant des drapeaux espagnols, ces derniers ont réclamé l’octroi de la nationalité espagnole par les autorités du voisin du Nord et ont appelé l’Espagne à reprendre la commune d’Ait Baâmrane, censée retourner «à son statut spécial auprès de l’Etat espagnol».
Lundi soir, une commission diplomatique espagnole s’est déplacée en urgence à Sidi Ifni en raison de l’intervention des autorités locales quelques heures avant, indique la même source. L’ancien bâtiment, qu’on appelle localement «Bagadoria», à l’instar d’une dizaine d’édifices implantés pour la plupart au centre-ville de Sidi Ifni appartiennent encore à l’Espagne. L’intervention de la police constituerait une violation flagrante du droit international, estime Ifni24.
«Hogra, marginalisation et humiliation»
Les diplomates espagnols auraient été accueillis par les familles des jeunes interpellés qui revendiquent leur libération. La pression est toutefois montée d’un cran hier soir. Ce matin, la situation n’a toujours pas été résolue, les jeunes étant encore emprisonnés et leurs proches réunis devant le commissariat régional de la police.
Avec une population «marginalisée» depuis plusieurs décennies et une ville «oubliée» des plans de développement local, le risque d’escalade est très probable. En juin 2008, des échauffourées avaient éclatées entre les autorités locales et les habitants qui avaient bloqué le port de la ville dans l’espoir d’attirer l’attention sur le chômage et la précarité de leur localité.
Huit ans plus tard, les choses n’ont pas changé d’un iota pour cette ancienne enclave récupérée par le Maroc en 1969. «Les habitants ressentent l’exclusion de tous les grands projets annoncés par le roi pour le développement du Sahara», confiait en juin dernier Mohamed El Ouahdani, une des figures de la contestation lors d’une interview au Desk.
«Quand on constate comment Guelmim ou Tiznit se sont développées, on sent la hogra, l’humiliation. Comment voulez-vous qu’on appelle cela, sinon une réelle marginalisation ? C’est une réalité, une certitude, nous sommes exclus», avait-il encore affirmé.