L’huile d’olive «homemade» est forcément meilleure que son homologue commercialisée dans les épiceries et les supermarchés. Faux, rétorque Rachid Benali, président de la Fédération nationale d’huile d’olive en marge de l’annonce du lancement d’une campagne de sensibilisation contre la vente informelle du produit oléicole au Maroc, rapporte la revue professionnelle espagnole Olimerca.
Le coup d’envoi sera donné à partir d’octobre 2016. L’opération, qui durera trois ans, veut encourager la population à privilégier l’achat d’huile d’olive qui répond aux normes du Conseil oléicole international en fonction de leur conservation, de l'étiquetage et de l'emballage. Une enveloppe de 24 millions de dirhams (2,20 millions d’euros) a été mobilisée.
Dans un pays où la consommation d’huile d’olive distribuée par les canaux officiels plafonne à 15 % - contre 85 % pour le secteur informel -, le président de la fédération déplore le caractère néfaste de ces produits pour la santé : «nous effectuons régulièrement des tests de qualité de ce type d’huile d’olive. Certaines ne répondent pas aux normes en vigueur. Le taux d’acidité ne doit pas dépasser 2,2 %. Or, elles en contiennent parfois jusqu’à 6 voire 7 %, ce qui est très mauvais pour la santé», ajoutant qu’«en plus d’être dangereuses, elles sont aussi plus chères.»
Si le contrôle de la qualité de cette huile dans le milieu informel reste «très difficile», Rachid Benali veut toutefois «veiller à ce qu’[elle] soit conservée dans un emballage approprié, muni d’une étiquette avec le nom du producteur.»
Les Italiens et les Grecs plus friands que les Marocains
Rigueur est de mise pour les producteurs de la filière oléicole, dont les vertus font depuis l’Antiquité les choux gras du régime crétois largement répandu dans le pourtour méditerranéen : Grèce, Italie, Espagne, Maroc, Croatie, Chypre, Portugal et Tunisie. Huit pays où ce régime, qui privilégie notamment les aliments secs et frais, s’affiche toutefois à la baisse. En cause, l’occidentalisation des habitudes alimentaires de ces populations, impulsée par le tourisme, la mondialisation, l’urbanisation galopante et le réchauffement climatique - rien que ça.
Des pays qui se tirent également la bourre en matière de consommation et de production d’huile d’olive : au royaume, la consommation y est estimée à 2 kg par habitant à peine, contre 12 kg/habitant en Italie et 23 kg/habitant en Grèce, indiquait en décembre 2015 Noureddine Ouazzani, responsable de l’agropole olivier de l’Ecole nationale d’agriculture (ENA) de Meknès dans un entretien à l’Economiste.
Un potentiel qui gagnerait à être davantage exploité
La production marocaine d’huile d’olive n’exploite pas suffisamment son potentiel : «Au cours des dernières années, le Maroc [en] a produit en moyenne 90 000 à 100 000 tonnes et a enregistré des exportations de l’ordre de 12 000 tonnes sur le marché américain, alors que ce dernier a un potentiel de 400 000 tonnes. La France, qui produit 6 000 tonnes, importe chaque année plus de 90 000 tonnes. Notre offre est donc très loin des opportunités du marché international.»
Du côté du voisin tunisien, le pays du Jasmin a produit lors de la saison 2014/2015 280 000 tonnes d’huile d’olive, soit 210 000 tonnes de plus que la saison précédente, d’après le Huffington Post Maghreb. Une progression de 300 % qui a permis de pallier le recul des productions espagnole (- 53 %) et italienne (- 52 %).