Hilton Worldwide a signé un accord de gestion avec la Société d'Aménagement et de Promotion de la Station de Taghazout (SAPST) pour ouvrir un hôtel dans le Taghazout Bay Resort, rapporte la presse spécialisée ce mardi. L’établissement dont l’ouverture est prévue en 2018 comportera notamment 170 chambres ainsi que des piscines extérieures spacieuses donnant sur la plage de la baie, avec accès direct à la rive.
Le luxe, le produit qui marche ?
En moins de deux mois, c’est le deuxième projet d’hôtel de luxe annoncé à Taghazout après celui de Fairmont qui devrait être finalisé en 2019. Ils viendront s’ajouter au Hyatt Place Taghazout et Sol House Taghazout Bay Surf. Réel coup de souffle pour la station balnéaire ou trop plein d'hôtels du même standing ?
Lancé en 2009 dans le cadre du plan Azur, le projet de Taghazout Bay accuse depuis de nombreux retards. Cette arrivée d’investisseurs étrangers est vue par certains dans le milieu comme une «bonne chose» pour l’avancée du projet. «Taghazout est une station balnéaire avec un écosystème important et varié. Les gros investissements se font parce qu’il y a une demande», indique à Yabiladi une source à l’Observatoire du Tourisme au Maroc.
Le succès de Taghazout pourrait cependant prêter à réflexion, dans la mesure où à quelques 20 km de là, à Agadir, les professionnels peinent à sortir la tête de l’eau. Depuis plusieurs mois maintenant les hôtels font difficilement le plein et de nombreux établissements accusent un déficit. «Agadir souffre beaucoup mais tous les hôtels situés en front de mer n’ont aucun problème de rentabilité», affirme la même source. D’après elle, ce sont les hôtels de deuxième et troisième ligne situés à l’intérieur de la ville qui sont en difficulté. «Généralement, ils ne font pas des travaux de rénovation, ils n’améliorent pas leurs services…, alors que les touristes recherchent la qualité. Si vous regardez à Marrakech, Casablanca, Tanger ou Rabat, tous les nouveaux hôtels qui s’implantent sont des hôtels de luxe, c’est parce qu’il y a une demande de qualité».
Les réserves des professionnels
Les professionnels cependant font une toute autre analyse de la situation. A la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), l’arrivée de tous ces hotels de luxe dans la baie de Taghazout ne fait ni chaud, ni froid. Et pour cause, «le secteur souffre», lâche sans détours le président, Lahcen Zelmat, dans un entretien avec Yabiladi. «Sans accompagnement (promotion, aérien, …) de l’existant, on pourra avoir tous les beaux hôtels qu’on veut, mais la situation ne changera pas pour autant», ajoute-t-il, estimant qu’Agadir ne peut servir de référence pour illustrer le succès des hôtels de luxe au Maroc. «Les hôtels situés en front de mer à Agadir sont au nombre de six. Qu’est-ce que cela représente sur l’ensemble du tissu hôtelier de la ville, quasiment rien».
Selon le patron des professionnels de l’hôtellerie marocaine, la réalité de Taghazout est qu’elle ne fonctionne pas à la hauteur des attentes. «Il ne faut pas regarder à juillet-août. Un hôtel 5 étoiles qui tourne à moins de 70%, qu’on se le dise, ce n’est pas intéressant pour l’investisseur», affirme-t-il.
Si l'arrivée de grands hôtels de luxe de renommée internationale peut servir de levier pour la nouvelle station balnéaire, le temps nous renseignera sur la pertinence de ce positionnement.