Menu

Grand Angle

Attentat de Nice : Deux marocaines présentes sur les lieux du drame racontent

Jointes par Yabiladi, Radia et Meryem, deux Marocaines présentes jeudi soir sur les lieux du drame survenu à Nice rapportent leurs versions des faits. Récits.

Publié
Jeudi soir à Nice, un camion blanc de 19 tonnes a roulé sur la promenade des Anglais sur environ 2 km, renversant les personnes qui se trouvaient sur son chemin. / DR
Temps de lecture: 3'

C’est avec une voix traumatisée et un récit rythmé par des pleurs que Radia, une Marocaine de Nice, nous raconte les événements survenus dans la nuit du 14 au 15 juillet, auxquels elle a assistés. 

«Nous étions cinq personnes. Mon mari et moi, un couple marié et une de mes cousines. Nous sommes sortis vers 22h30 sur la promenade des Anglais pour assister aux feux d’artifice, puis nous nous sommes dirigés vers une scène de concert sur la Promenade.»

Plusieurs personnes assistent chaque année aux feux d’artifices marquant la fête nationale française. A Nice, l’événement a eu lieu sur la célèbre Promenade des Anglais.

«Nous étions contents et sereins. Nous avons ri jusqu’à en pleurer», se souvient dans un premier temps Radia qui raconte avoir entendu ensuite «un son ressemblant à un coup de feu qui a attiré [son] attention» ; le camion venait tout juste de foncer sur la foule.

«Involontairement, je me suis mise à hurler, mais je ne savais pas ce qui se passait. Quelques secondes plus tard, nous avons commencé à courir. Les gens couraient eux aussi, dans toutes les directions.»

«Des tirs et des coups de feu» juste après le drame

Elle, son mari et sa cousine ont perdu de vue le couple marié. «Mon mari nous a demandé, à ma cousine et moi, de quitter les lieux. Sur le chemin, j’ai appelé ma grand-mère et ma maman pour leur raconter ce qui se passait», rapporte-t-elle.

Arrivée dans un hôtel, Radia se rappelle avoir entendu des tirs et des coups de feu. Son mari, sa cousine et elle se sont alors cachés dans les toilettes du rez-de-chaussée de l'établissement pendant plusieurs heures.

«Pendant que nous y étions, nous avons tâché de ne pas faire de bruit, de garder le silence et d’éteindre nos téléphones portables. On était morts de trouille. Pendant ces instants, j'ai pensé à ma mère. Je voulais lui envoyer un texto pour dire que j’allais probablement mourir ce soir-là.»

Radia a appelé les secours. L'interlocuteur qui a décroché leur a conseillé de rester cachés. A 2h30 du matin, c’est l’appel du réceptionniste de l’hôtel, qui informait les personnes du contrôle de la situation, qui les a fait sortir des toilettes.

Devant l’hôtel, des taxis mis à disposition des personnes par les policiers et les chauffeurs ont proposé de ramener les gens chez eux gratuitement.

«Cachés sous une voiture dans un parking»

«On était à 40 mètres du lieu où le camion a heurté plusieurs dizaines de victimes. Nos deux amis ont dû rester cachés sous une voiture dans un parking», a-t-elle dit.

Radia indique qu’elle et son mari sont encore sous le choc, mais qu’ils se rendront «à l’hôpital pour faire des dons du sang, vu qu’il y a des blessés qui en ont besoin.» Elle dit aussi qu’elle ira à la cellule psychologique mise en place par les autorités pour les survivants.

Le vécu de Meryem n’est pas très différent de celui de Radia. «On y était ma fille et moi, accompagnées d’une cousine à mon mari ainsi que ses deux enfants. On était sur la plage où on a assisté aux feux d’artifice, en train de regagner le Vieux-Nice.»

C’est à ce moment-là que les deux femmes entendent les cris des policiers. «Ils nous ont dit de courir et d’aller nous cacher», se rappelle-t-elle, affirmant avoir vu plusieurs policiers courir en direction du drame.

Sa fille «portée disparue» par les réseaux sociaux

Au moment de la panique, «la cousine de mon mari et moi nous sommes séparées. Ma fille et moi nous sommes d’abord dirigées vers l’immeuble le plus proche, dont la porte était fermée, puis dans l’hôtel Beau Rivage. On avait très peur.»

Meryem et sa fille sont restées dans le hall de l’hôtel jusqu’à 2h30 du matin. «Les employés de l’hôtel sont alors venus nous informer qu'on pouvait partir.» Contrairement à Radia, mère et fille n’ont pas réussi à avoir un taxi. «Faute de moyen de transport, je n’avais pas d’autres choix et mon mari travaillait de garde.»

L’hôtel a mis à la disposition des victimes plusieurs chambres. «Mon mari est finalement venu nous chercher vers 7 heures.»

La cousine de son mari et ses deux enfants ont, eux aussi, été chanceux cette nuit. Après avoir pris l’autre direction, c’est un refuge pour SDF qui les a accueilli jusqu’au matin.

«Traumatisée» mais «furieuse», pour reprendre ses mots, Meryem n’a pas manqué de nous signaler qu’une photo de sa fille a fait le tour du Web jeudi soir. Les personnes qui l'ont publiée avancent qu’il s’agit d’une fille portée disparue dans l’attentat. «Je ne comprends pas ces gens qui profitent des moments de panique pour falsifier les informations», s’est-elle indignée, démentant évidemment l'information.

L’attentat a causé la mort de 84 personnes dont 10 enfants et adolescents, selon le procureur de Paris, François Molins. Ce dernier fait état de 202 blessés, dont 52 en état d’ «urgence absolue.» Le bilan pourrait être revu à la hausse. L’auteur de l’attaque serait un dénommé Mohamed Lahouaiej Bouhlel, chauffeur-livreur tunisien âgé de 31 ans, titulaire d'une carte de résident.

Jeudi soir à Nice, un camion de 19 tonnes a percuté la foule amassée sur la Promenade des Anglais à l’occasion des festivités du 14 juillet. Le véhicule a roulé sur environ 2 kilomètres, percutant de plein fouet les badauds. Environ 30 000 personnes étaient rassemblées.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com