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Grand Angle

Maroc : Les espaces de culture en déshérence

Parent pauvre des politiques publiques, la culture au Maroc souffre aussi d'un désintérêt de la population. Le Conseil social, économique et environnemental prend le taureau par les cornes et soumet plusieurs propositions pour dynamiser le secteur, espérant faire de la culture l'épine dorsale d'un projet marocain de société et de développement.

 

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En 2013, le Maroc comptait 31 salles de cinéma, contre 65 en 2011.
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Quarante cinémas contre un peu plus de 600 bibliothèques au Maroc. Suffisamment peu pour que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) tire la sonnette d'alarme. Dans un récent rapport, l'institution consultative pointe du doigt les carences qui pèsent sur le domaine de la culture au royaume et le nombre restreint de lieux consacrés à ses activités.

Si le secteur est en proie à des «problèmes structurels», c'est surtout l'intérêt du public qui semble lui faire cruellement défaut, freinant ainsi les subventions publiques et privées. En cause notamment, le «manque d'éducation artistique dans les écoles [qui] ne favorise pas l'émergence des talents.»

Pour pallier ces lacunes, l'UNESCO recommande d'ouvrir 4 000 bibliothèques de plus que les 624 recensées au total – une pour 100 000 habitants. Sur le front des publications, 2 000 ouvrages en moyenne sont publiés chaque année, tirés à un peu moins de 1 500 exemplaires chacun.

Les salles du septième art ne sont pas épargnées non plus : en 2013, le pays en comptait 31, contre 65 en 2011. L'an dernier, moins d'un million de spectateurs se sont rendus au cinéma, soit une dépense en tickets estimée à 40 millions de dirhams. «Il y a un vrai paradoxe au Maroc par rapport au cinéma. Alors qu'il produit de nombreux longs-métrages et attire de plus en plus de producteurs étrangers, ses salles restent fermées», souligne encore le rapport du CESE. Les studios du royaume ont en effet hébergé 214 productions, dont 45 étrangères sur l'année 2015.

Quelles solutions ?

Du projet d’avis et de rapport sur l’économie de la culture adopté le 30 juin dernier par le CESE, il ressort quatre propositions censées lui donner un coup d'impulsion. Le volet culturel devrait ainsi être érigé en locomotive d' «un projet marocain de société et de développement» via l'élaboration d' «une stratégie nationale relative à la culture et à la création», annonce le Conseil dans un communiqué. Un tandem culture-création qui doit par ailleurs être intégré dans les différentes politiques publiques.

Le CESE préconise également de développer un service public dédié à ce domaine et revendique le droit à la culture «qui impose à l’État de soutenir la création», insistant sur la nécessité d'élargir son accès au plus grand nombre. Une porte d'entrée qui s'ouvre avant tout sur le soutien des manifestations culturelles, notamment les festivals, en diversifiant les sources de financement à l'instar du mécénat, du parrainage ou encore du crowdfunding. Autre levier financier, «l’investissement et l'initiative entrepreneuriale dans les domaines de la culture et de la création à travers un cadre réglementaire et fiscal incitatif et des mécanismes de soutien efficients.»

Troisième proposition, susciter des vocations auprès des plus jeunes «en renforçant l'intégration de la culture dans les programmes scolaires (...) en facilitant (aux élèves, ndlr) l’accès et la compréhension du patrimoine culturel.» Un objectif qui doit être travaillé en amont par les instituts de formation existants, auquel doivent s'ajouter «de nouveaux établissements dédiés ainsi que le développement de nouvelles filières universitaires visant la formation dans les métiers de l’éducation culturelle et la création, y compris au niveau de l’animation, de la médiation ou de la gestion des activités culturelles.»

Le Conseil appelle enfin à «prendre en considération les conditions sociales des travailleurs œuvrant (…) et leur assurer un accès à la couverture médicale, à la protection sociale et notamment à la retraite et à la protection contre la perte d'emploi. Le Conseil propose également de mettre en place des mécanismes spécifiques pour assurer la durabilité des revenus au vu de la saisonnalité du travail culturel.»

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