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Grand Angle

Maroc : Le procès du président d’une ONG chiite s’ouvre demain à Fès

Après cinq semaines de détention, le président de l’association chiite «Ressalis progressistes» verra son procès débuter ce mardi 5 juillet. Il encourt jusqu’à 5 ans de prison. De son côté, l’Iran, auto-proclamée protectrice des minorités chiites dans les pays sunnites, a choisi d'observer le silence jusqu’à présent.

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Abdou Chougrani / Archive (DR)
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C’est demain après-midi que s’ouvrira devant la cour d’appel de Fès le procès du président de l’association chiite «Ressalis progressistes», non reconnue par le ministère de l’Intérieur. Abdou Chougrani a été arrêté le 25 mai à Meknès. Depuis, il est incarcéré à la prison Aïn Kadouss à Fès.

Officiellement, sa mise en cause concerne une affaire de «détournement de fonds publics». Il est accusé d’avoir détourné 140 000 dirhams d’une agence Barid Al Maghrib à Taounate. Il est également poursuivi pour «faux et usage de faux». Il encourt jusqu’à cinq ans de prison. Cette affaire est appelée à durer plusieurs mois avant que la justice n’annonce son verdict.

Profil bas de ses camarades chiites et de l'Iran

Depuis l’interpellation de Chougrani, le bureau exécutif de «Ressalis progressistes» tient à éviter toute escalade avec les autorités marocaines. Ses sorties médiatiques sont calculées et empreintes de modération, en témoigne son communiqué publié le 21 juin. Le texte est une sorte de rétrospective de toute l’affaire. Mais il a tenu à rappeler les déclarations hostiles à l’Arabie Saoudite du suspect et à la réunion avec des membres du comité américain des libertés religieuses, l’instance chargée de rédiger un rapport annuel sur l’exercice du culte dans le monde. Ces deux faits ont été cités en vue d’appuyer la thèse de la «détention politique» de Chougrani.

Ce ton modéré de la part de «Ressalis progressistes» est en phase avec la ferme volonté de l’Iran d’améliorer ses relations avec le royaume. L’ambassadeur de Téhéran à Rabat, Mohamed Taqi Addine, a d’ailleurs rappelé cette position lors d’un point de presse tenu le jeudi 30 juin. Avec cette main tendue aux autorités marocaines, l’Iran veut tourner définitivement la page de six années de rupture diplomatique.

Et visiblement, Téhéran ne souhaite pas donner à certains milieux marocains des raisons pour raviver les tensions diplomatiques ayant prévalu entre mars 2009 et juin 2015. L’affaire Abdou Chougrani et de son association «Ressalis progressistes», non-reconnue par le ministère de l’Intérieur, pourrait ainsi payer le prix des calculs politiques de l’Iran.

Article modifié le 2016/07/04 à 15h50

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