Las d’attendre désespérément que justice soit faite, Seddik Khalfi est passé à la vitesse supérieure. L’ancien présentateur des Matins Luxe, une émission diffusée tous les matins sur Luxe Radio a entamé une grève de la faim, mardi 28 juin, réclamant le respect de ses droits par son ancien employeur.
Les conséquences d'une émission dédiée à l'affaire Driss Ajbali-Yabiladi.com
Dans une vidéo publiée sur Youtube hier, mercredi, le journaliste raconte comment il a été «remercié» par la station radio, après avoir dédié son émission du 4 octobre 2012 à l’affaire opposant le coordinateur du CCME, Driss Ajbali, au site d’information Yabiladi.com. On se souvient du procès intenté au média en ligne par ce responsable du CCME suite à un article documenté que nous avons publié le 29 juillet 2012 intitulé : «Argent public : le fabuleux train de vie d’un salarié du CCME». Après trois mois de procès, Driss Ajbali avait fini par retirer sa plainte en janvier 2013.
Cette attaque judiciaire contre un site d’information étant la première du genre au Maroc à l’époque, elle avait suscité un fort intérêt médiatique. C’est ainsi que Seddik Khalfi avait convié le directeur de publication de Yabiladi.com, Mohamed Ezzouak, à un débat. «Driss Ajbali devait être invité le lendemain matin», indique le journaliste dans sa vidéo, expliquant qu’il avait choisi de prendre séparément les deux parties «afin que le débat ait lieu de manière apaisée».
L'entretien qui fâche?
L’après-midi, il reçoit un email du président du directoire de Luxe Radio, Adessamad Aboulghali. «Lorsque le débat concerne un dossier en cours de justice, si une seule des deux parties est présente au studio (quelque soit la raison de l’absence de la deuxième partie, l’animateur ainsi que les journalistes de Luxe Radio sont fondamentalement tenus de représenter la partie absente. Cette mesure est obligatoire. Le cas échéant, vous vous devez de refuser le débat», écrit-il.
La chaine de radio reproche au journaliste entre autres d’avoir pris parti au profit de Yabiladi.com et de compromettre l’issue de l’affaire en justice, car «l’influence du juge écoutant ce débat peut être établie». Alors que M. Aboulghali demandait au journaliste des explications à la tenue du débat, toute l’équipe de Luxe Radio recevra, plus tard dans la journée, un email annonçant la mise à pied «à durée illimitée» de Seddik Khalfi. Pourtant, notons-le, celle-ci devrait durer que huit jours au maximum selon la loi. Deux jours plus tard, il reçoit un SMS confirmant sa mise à pied et lui demandant de ne plus mettre les pieds dans les bureaux de Luxe Radio.
Pour la liberté de la presse
Se défendant d’avoir pris position en faveur de M. Ezzouak qu’il «ne connais pas personnellement», mais en faveur de la liberté de la presse, Seddik Khalfi porte plainte au bout de plusieurs semaines d’attente sans suite de la part de Luxe Radio. En première instance, il gagné son procès, mais a perdu en appel et l’affaire est actuellement en cassation.
Avec son avocat, le journaliste a longtemps plaidé pour un arrangement à l’amiable. Alors que Luxe Radio n’y répondait pas depuis tout ce temps, la mobilisation des internautes l’a fait fléchir. Des négociations sont prévues ce jeudi soir. Et Seddik Khalfi se dit «déterminé à aller jusqu'au bout». Il n’a l’intention d’arrêter sa grève de la fin que lorsqu’il obtiendra justice.