Après Mauritel, filiale de Maroc Telecom, les autorités mauritaniennes ont jeté leur dévolu sur Attijari Bank Mauritanie. Plusieurs fonctionnaires de l’Office de l’emploi se sont en effet rendus au siège de la filiale locale du groupe bancaire marocain. Officiellement, ils ont invité l’entreprise à se conformer à une loi locale exigeant d’accorder la priorité aux ressortissants locaux dans les recrutements.
Cette visite devrait être suivie par le retrait des autorisations de travail d’employés marocains. Ce tour de vis fait suite à la décision du gouvernement de «mauritaniser» le marché de l’emploi prise à l’issue du conseil des ministres du jeudi 16 juin. La mesure n’affecte pas seulement les sociétés marocaines. D’autres compagnies étrangères sont également en ligne de mire du régime en place depuis le coup d’Etat d’août 2008 ayant porté au pouvoir le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le général prépare une révision de la constitution pour son 3e mandat
Sur la liste des cibles, on retrouve la société canadienne Kinross Tasiast, spécialisée dans l’extraction d’or, l’opérateur de télécommunication Changuitel (détenu à hauteur de 95% par des capitaux privés soudanais), Mattel (également dans les télécommunications) et la banque Société générale Mauritanie. A cette liste, il faut donc rajouter Mauritel et la filiale d’Attijariwafa Bank.
Cette politique obéit à des calculs politiques internes liés aux préparatifs des prochaines élections présidentielles de 2019. Ould Abdelaziz n’est visiblement pas prêt à se retirer du pouvoir. Mais pour cela, il a grandement besoin d’une modification de l’article 28 de la constitution de 1991, amendée en 2006, qui fixe à deux la limite du nombre de mandats que peut exercer le président.
En mettant en place une politique de préférence nationale, le général compte sans doute voir sa cote de popularité grimper pour faire passer la mesure sans trop d’opposition. Il avait annoncé, le 3 mai, sa volonté de réviser la loi fondamentale en invoquant officiellement sa volonté de supprimer la Chambre haute du parlement. L’opposition, réunie sous la bannière du Forum nationale pour la démocratie et l’unité, avait dénoncé l’initiative unilatérale de Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’occasion d’une marche dans la capitale le 7 mai dernier.
La situation en Mauritanie est extrêmement tendue. Le président tente par tous les moyens de verrouiller le jeu politique. En témoigne, le limogeage il y a quelques jours du président de l’union du patronat mauritanien. Son tort a été d’avoir osé critiquer dans un discours les mesures prises à l’encontre de sociétés privées.