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Grand Angle  

Ecole française au Maroc : Le faible niveau de l'enseignement de l'arabe inquiète les parents

De plus en plus de jeunes marocains scolarisés à la mission française éprouvent des difficultés au niveau de la maîtrise de la langue arabe. Déplorant la qualité de l’enseignement de cette langue, les parents d’élèves montent au créneau ces dernières années et réclament un meilleur enseignement de l’arabe pour que leurs enfants aient des bases solides, les lacunes s’avérant souvent préjudiciables quand ils doivent travailler au Maroc après leurs études.

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Temps de lecture: 4'

«Le statut de la langue arabe dans les lycées français au Maroc est extrêmement compliqué. Il y a un nombre important d’élèves marocains qui connaissent très mal l’arabe et qui éprouvent de grosses difficultés dans l’apprentissage de cette langue», a déclaré Claudine Pierre, secrétaire nationale du Syndicat Général de l'Éducation Nationale- CFDT de l’étranger et professeur agrégé d’histoire au Lycée Lyautey de Casablanca, lors de son intervention dimanche dans l’émission «La Rue des écoles» diffusée sur France culture. Elle estime qu’alors que les élèves passent «énormément du temps à apprendre l’arabe» -soit 5 heures par semaine au primaire et 3 heures au secondaire- en raison de l’accord entre le Maroc et la France, «les résultats en arabe au lycée Lyautey sont très moyens, souvent très décevants».

Des enfants incapables de prononcer une phrase en arabe

Mais en réalité, le constat est général. «Ce n’est un secret pour personne, le niveau d’arabe des élèves marocains dans les écoles françaises est très faible», lâche comme pour confirmer une ancienne responsable d’association de parents d’élèves à Rabat dans un entretien avec Yabiladi. En effet, le sujet revient de plus en plus dans les discussions de parents d’élèves ces dernières années. Les Marocains ayant inscrit leurs enfants dans les écoles françaises se disent satisfaits de l’éducation dispensée, leur seul regret cependant reste la non-maitrise de l'arabe.

«Il y a une dizaine d’années en arrière, les parents n’y faisaient pas vraiment attention. Mais depuis quelques années, ils sont de plus en plus inquiets» fait remarquer à Yabiladi Hayat Nassif, vice-présidente de l’Union des conseils des parents d’élèves (UCPE) dans les écoles de l’AEFE à Casablanca et présidente de la section du Lycée Lyautey. «En fait, les parents se sont retrouvés avec des enfants de 15 ans qui ne savent même pas aligner une phrase en arabe. Ayant souvent eux-mêmes fait la mission française, ils se souviennent qu’à cet âge, ils parlaient couramment l’arabe. A partir de ce moment, les parents s’interrogent sérieusement», explique une autre responsable d’association de parents d’élèves ayant requis l’anonymat.

La qualité de l'enseignement, le coeur du problème

Face à cet inquiétant constat, les associations ont mené de petites études autour de l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises pour déceler la cause de ce qu'elles considèrent jusqu'à présent comme «un échec». Et selon ces organisations, le problème commence dès le primaire. «Avec 5 heures de cours d’arabe par semaine, les enfants ont suffisamment de temps pour obtenir les bases nécessaires, mais le souci réside dans la qualité de l’enseignement. Les manuels que nos enfants utilisent actuellement datent d’il y a très longtemps et n’ont pas été actualisés», nous explique Mounia El Omari qui a dirigé l’étude au sein de l’UCPE. D’après elle, beaucoup d’enfants se découragent face à leurs lacunes et le fait serait si problématique que mêmes les enfants provenant du système privé marocain voient leur niveau en arabe dégringoler après l’intégration d’une école française. Idem pour les élèves français pour qui l’apprentissage de la principale langue de leur pays d’accueil est compromis.

Les parents d’élèves sont d’accord sur une chose : «nous ne mettons pas nos enfants dans des écoles françaises pour qu’ils deviennent des poètes arabophones, mais nous voulons qu’ils reçoivent au moins les bases comme c’est le cas pour l’anglais». Ainsi pour combler les lacunes de leurs petits, de nombreux parents font appel à des cours de soutien.

Les explications du CEA

Toutes ces réalités, le Centre d’études arabes (CEA) en est conscient. Rattaché à l'Ambassade de France et chargé de gérer l'enseignement de la langue et de la culture arabes dans les établissements français au Maroc, c’est lui qui établit les manuels et supports pédagogiques. Dans le compte-rendu d’une rencontre organisée autour du même sujet au Lycée Descartes de Rabat en mai 2015, le Centre qualifie cependant la tâche de «complexe et il est difficile d’y apporter des réponses définitives» en raison de «la nature même de la langue arabe».

Le CEA évoque la diglossie de la langue, son caractère consonantique ainsi que les difficultés rencontrées par les professeurs, entre autres l’hétérogénéité du public et des cursus ou encore le fait que les enseignants marocains ne se considèrent pas forcément comme des profs de langue vivante. Tout cela contribue, selon l’institution dirigée par Jean Pierre Millé, à compromettre le plein succès des enfants dans l’apprentissage de l’arabe. En 2015 d’ailleurs, les évaluations en fin de CM2 sur l’ensemble des écoles françaises au Maroc ont donné un taux de réussite de 75% pour les cursus de 3h et 60% pour les cursus de 5h.

La rentrée 2017, celle du changement ?

Actuellement en pleine fin d’année, l’heure est également aux préparatifs de la prochaine rentrée. Pour améliorer la situation, le CEA a préparé un plan d’action avec notamment la sortie de nouveaux manuels en septembre prochain, ou encore ce qu’il appelle la «généralisation des  bonnes pratiques» (théâtralisation, Débats argumentés)…

De leurs côtés, les associations de parents d’élèves enchainent les réunions au menu desquelles les sujets lié à l’enseignement de l’arabe ne manque pas. Elles espèrent que le plan d'action portera enfin des fruits, mais en attendant, les parents s'exhortent réciproquement à parler la langue avec les enfants à la maison. «Mis à part les personnes issues de certaines professions, de droit notamment, les parents [qui scolarisent leurs enfants dans les écoles françaises] parlent généralement français avec leurs enfants», admet une responsable qui avoue se prêter personnellement à l'exercice. Et d'ajouter : nous nous encourageons à leur parler l'arabe plus souvent afin qu'ils aient l'oreille».

Les parents s'inquiètent...
Auteur : Leguman
Date : le 25 juin 2016 à 14h56
Des parents s'inquiètent... Mais, ils sont là pour çà. Quand on est parent, on se fait du souci.
En France, le niveau de maitrise de la langue préoccupe les adultes et les anglicismes déferlent. Les anglosaxons ont peur du globish qui appauvri leur langue... Et j'ai l'impression qu'au Maroc, c'est encore plus compliqué.
En un siècle les langues régionales et les dialects en France ont disparus ou presque. L'idée reçue est que l'école a entrainé leurs extinctions. Meme si cela a participé au phénomène, je pense que la raison centrale est autre. Les parents inquiets pour l'avenir de leur gamins les ont poussés à apprendre le français et à l'utiliser en priorité. Ils ont favorisé, valorisé une langue qui n'était pas celle qu'ils parlaient au quotidien pour des raisons d'intégration économique.
C'est une violence pour les enfants et les parents qui perdent un lien essentiel entre générations, à mon sens. Cela a peut-être était aussi le cas pour beaucoup d'Algériens (rapport aux propos très nuancés d'un des commentaires)
Heuresement, le cerveau humain peut apprendre plusieurs langues et l'économie n'est pas obligée de guider tout nos actes.
( aujourd'hui parler Breton est un atout quand on cherche du travail en Bretagne)
أنت في المغرب فلا تستغرب
Auteur : kkekzdlvx
Date : le 23 juin 2016 à 12h19
Je continue de m'étonner je ne peux m'en empêcher: personne n' a relevé que cet article traite d'un sujet : l'enseignement de l'arabe et que bizarrement aucun professeur d'arabe n'est interrogé ! Pire, c'est une prof d'histoire géo qui se donne le droit de nous faire un sermon sur la question sans que cela ne pose le moindre problème aux journalistes.
Et quelle originalité dans le traitement de la question: on y retrouve toujours les mêmes ingrédients: un bouc émissaire le prof d'arabe biensûr qui présente l'intérêt d'être systématiquement réduit au silence dans ce débat ( dans la presse francophone parce que de toutes façons on considère qu'ils ne savent pas assez bien s'exprimer en français pour mériter avoir un droit de réponse ? ), une langue elle même un peu handicapée par tout un tas de tares ( elle n'a pas évolué, elle est archaïque, elle est compliquée, elle n'est pas parlée, elle est ceci elle est cela et j'en rajoute une couche avec le Maroc et son rapport à la langue arabe qui est ceci et cela ... ) et une victime toute désignée: les pauvres élèves si défavorisés de ces établissements et leurs parents qui sont si soucieux du niveau de langue arabe de leurs enfants qu'ils font même des efforts à la maison pour prononcer quelques phrases de dialectal !!! CQFD
L arabe classique coranique
Auteur : aqqqqqqqqq
Date : le 23 juin 2016 à 00h21
La langue arabe pour les marpcains est une langue etrangere -Au Maroc tout le monde parle le darija ou le berbere langue maternelle.la langue arabe classique ,pose probleme car n a pas evoluee'.
Ce que je souhaite pour l'Algérie...
Auteur : Mario0
Date : le 22 juin 2016 à 20h02
Abandon de l'usage du français qui est une langue qui est de moins en moins parlé dans le monde du fait que la France est un pays en déclin et je ne pense que cette situation va s'inverser dans les années à venir. Usage du berbère dans les régions a majorité berbérophone et usage de l'anglais dans le reste du pays.
PAS DE FRANÇAIS EN ALGÉRIE!!!
Le faible niveau de l'enseignement de l'arabe inquiète les parents
Auteur : RuthRachel18
Date : le 22 juin 2016 à 18h24
Triste.
Dernière modification le 22/06/2016 18:40
Emission spécial MRE
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