La prochaine rentrée scolaire marquera un tournant dans l’histoire de l'enseignement au Maroc. Elle sera marquée par la révision du contenu des manuels religieux utilisés dans l’école publique, l’enseignement privé et les établissements de l’enseignement originel. Dans le viseur de l’opération, menée conjointement par les ministères de l’Education nationale et des Affaires islamiques, les messages prônant un islam radical ou discriminatoires envers les femmes et quelques minorités religieuses.
Pour le moment ce vaste projet a permis d’assainir 147 manuels scolaires sur un total de 390 examinés. La mission a été confiée à une commission constituée à cet effet, a révélé Fouad Chafiqi, le directeur des programmes au sein du département de Rachid Belmokhtar à l’occasion d’une réunion organisée par le Mouvement populaire sur la qualité de l’enseignement au royaume.
Un vent de modernité qui balaie de vieilles idées
Toutes les idées non-conformes à un islam tolérant ont été rejetées, a-t-il précisé. Le changement opéré dans l’appellation de la matière est hautement significatif. L’«éducation islamique», en vigueur depuis l’indépendance passe à la trappe au profit de l’ «éducation religieuse». Cet intitulé plus neutre ne renvoie à aucune référence politique. Les illustrations de femmes avec uniquement le hijab ne seront plus les seules à figurer dans les manuels scolaires, des femmes portant des habits modernes y auront également leurs places, a affirmé Chafiqi.
Ce vent de modernité intervient en application des hautes instructions données par le roi aux ministres Rachid Belmokhtar et Ahmed Taoufiq lors du conseil des ministres du 6 février à Laâyoune. Mohammed VI avait appelé à «la nécessité de la révision des programmes et manuels d'enseignement en matière d'éducation religieuse». Il appelait à «accorder une grande importance à l'éducation aux valeurs de l'islam tolérant, dans le cadre du rite sunnite malékite, qui prônent le juste-milieu, la modération, la tolérance et la cohabitation avec les différentes cultures et civilisations humaines».
Le débat sur la révision du contenu des livres scolaires religieux remonte déjà 13 ans. La demande avait été formulé par des associations marocaines et ce au lendemain des attentats terroristes du 16 mai 2003. Des ONG avaient, aux moments des faits, expliqué que des manuels de l’éducation islamique véhiculaient un islam radical justifiant de s’en prendre à des innocents.