C’est à partir du Qatar où il était l’invité d’un centre de recherche sur les études islamistes que le cheikh Ahmed Raïssouni a plaidé pour l’abrogation de l’article 222 du Code pénal marocain. Le n°2 de l’Union internationale des oulémas musulmans (sunnites) a appelé les autorités marocaines à mettre un terme aux arrestations des personnes ayant rompu le jeûne du ramadan dans un lieu public.
A son corps défendant le religieux a reconnu qu’il se rangeait du côté d’associations de défense des libertés individuelles telles que MALI ou Akaliat. «C’est un des cas où je partage leurs positions même si nous divergeons sur les intentions et les objectifs», a-t-il souligné.
«Je suppose que la personne qui rompt publiquement le jeûne pendant le ramadan le fait pour des raisons valable comme la maladie ou le voyage. Et pourquoi vais-je intervenir, enquêter sur elle et la conduire dans un commissariat de police pour qu’elle soit ensuite présentée devant un juge du parquet général ? Tous ces efforts sont inutiles», a-t-il expliqué.
Au Maroc, la majorité des interpellations de non-jeûneurs s’effectue à la suite d’initiatives de particuliers qui alertent la police. En témoigne, pendant ce ramadan, les cas de deux jeunes de Zagora et d’un employé de Rabat.
L’explication religieuse de Raïssouni
Le premier président du Mouvement unicité et réforme (de 1996 à 2003) a donné une explication religieuse à sa position en se référant à une règle en vigueur chez les adeptes du rite malékite. Celle-ci affirme que «le gouvernant n’a aucune autorité sur les cultes». Cette justification théologique va sans doute apporter de l’eau au moulin des partisans de la liberté de conscience au Maroc.
La prise de position d’Ahmed Raïssouni pourrait par contre faire débat au sein des milieux conservateurs aussi bien au Maroc que dans le reste du monde musulman, encore très attachés au principe d’«exhorter le bien et dissuader du mal». Le salafiste Mohamed El Fizazi en fait partie. Au début du mois sacré, il a même appelé les autorités à une application stricte de l’article 222 du Code pénal, prévoyant une peine de six mois de prison à l’encontre des «déjeuneurs» du ramadan en public.