Le Maroc est actuellement sous les «projectiles» de la communauté européenne. Alors que le gouvernement est rassurant quant à l’avenir sociopolitique du pays, l’Europe l’appelle à réagir favorablement aux requêtes de la jeunesse. C’est ainsi que le commissaire européen chargé de l'Elargissement Stefan Füle, lors de sa visite au Royaume, prodiguait lundi dernier ses conseils au gouvernement marocain, concernant l’avenir sociopolitique du pays.
Les conseils du Commissariat européen
Selon Stefan Füle, le Maroc devrait veiller à ce que les bénéfices du développement économique soient partagés par tout le peuple marocain, rapporte AFP.
Il encourage le gouvernement à avancer sur la voie des réformes qu'il a engagée. Lors d'un point de presse commun avec le chef de la diplomatie marocaine Taieb Fassi Fihri, Füle a mentionné comme objectifs à suivre l'éradication de la pauvreté, le développement social et «des réformes démocratiques, de la liberté d'expression et de la réforme de la justice».
Le «développement ne devrait jamais sous-estimer les aspirations légitimes des jeunes a accéder au travail et à la liberté d'expression», souligne-t-il en évoquant les «leçons à tirer» des récents troubles en Tunisie. M. Füle conseille fortement au gouvernement d’allier développement économique et développement humain et social.
M. Fassi Fihri voulant défendre le Maroc de dire : «nous n'avons pas eu à attendre les conseils de l'UE pour nous engager sur cette voie équilibrée, à la fois en termes de multipartisme, de multi-syndicats, de liberté».
A cela, M. Füle précise qu’il n’est pas porteur d’un «avertissement», mais plutôt d’un «message sur l'importance de réfléchir ensemble aux enseignements de ce qui se passe en Tunisie et en Egypte».
Le commissaire européen exprime l’espoir que les «différents acteurs» en Tunisie et en Egypte sauront «choisir pour eux-mêmes leur chemin», dans le cadre d'une «transition pacifique».
M. Füle a noté que l'UE a augmenté son aide au Maroc, qui s'élève désormais à quelque 200 millions d'euros par an. Par ailleurs, il s'est entretenu avec plusieurs responsables marocains, dont le Premier ministre Abbas El Fassi.
Dans le même sens…
Bien que le Commissariat européen exprime par la voix de son responsable la pensée européenne pour le cas Maroc, l’Espagne préfère se faire entendre d’elle-même.
En effet, la secrétaire du parti socialiste espagnole - Elena Valenciano - doute que les troubles produis en Tunisie et en Egypte se répètent au Maroc. Selon elle, les autorités devraient «prendre note de la désaffection d'une partie de la jeunesse marocaine qui a besoin de plus d'emploi et de plus de liberté», apprend-t-on par ADN.
Pour Driss Benali, économiste et analyste de la scène marocaine, «la société marocaine n'est pas à l'abri de ce qui se passe ailleurs» et «plutôt que de subir les événements, il vaudrait mieux les anticiper et faire des réformes», cite AFP. Le Maroc a un avantage: «la légitimité de sa monarchie», ajoute-t-il.
Jusqu’ici, le gouvernement s’est montré serein face aux différentes réactions. Entre la jeunesse qui mobilise sur les réseaux sociaux en l’occurrence Facebook et la communauté internationale qui fait pression, que va faire l’Etat marocain pour rassurer ou même satisfaire la jeunesse ?