Fin de mission pour la délégation de représentants de partis politiques MRE venue au Maroc la semaine dernière réclamer la participation directe des MRE aux élections du 7 octobre 2016. Ce qu’ils ont obtenu : l’engagement des responsables de partis politiques, du ministère de l’Intérieur, du CCME à «proposer ou à approuver, dans un esprit de consensus et loin de toute surenchère, des amendements au projet de loi organique N°20.16» qui garantiront la représentation parlementaire distincte des MRE lors des prochaines législatives.
Le souci logistique, encore et toujours
Mais quand on lit entre les lignes, il est difficile de comprendre l'optimisme affiché. Car en effet, il n’y aura pas de création de circonscription, donc pas de vote direct comme revendiqué par les MRE et les 120 associations signataires en mars dernier de l’appel d’Amiens, et dont la présente délégation est également signataire. «D’après le ministère de l’Intérieur, l’organisation des élections à l’étranger pose un souci logistique», explique à Yabiladi Salaheddine El Manouzi, porte-parole de la délégation et président de l’association Al Wasl et responsable de la cellule française de l’USFP. «A chaque fois, c’est le même refrain», ajoute-t-il.
Comme alternative, la délégation a proposé la mise en place d’une composante MRE au parlement qui s'additionnera aux deux composantes actuelles, à savoir Femmes et Jeunes. «Nous n’en sommes pas satisfaits, mais c’est mieux que rien», se contente d'expliquer M. Manouzi, soulignant que les MRE pourront avoir leurs propres sièges. Et comment leurs représentants parlementaires seront-ils choisis ? «Une rencontre est prévue fin juin au Maroc avec les secrétaires généraux des partis politiques représentés au parlement», répond le dirigeant associatif, ajoutant que la représentativité des MRE à laquelle les autorités se montrent réceptives «est une mesure transitoire pour une création prochaine de circonscription à l’étranger en vue des législatives de 2021».
Pas de réelle représentativité sans création de circonscription
Pour mémoire, le projet de loi organique a, jusqu’ici, été uniquement adopté en conseil de gouvernement. Il doit encore passer devant le conseil des ministres avant d’atterrir au parlement où il sera examiné par les deux chambres. Ce qui soulève la question du timing, s’il faut s’en tenir à une simple représentativité des MRE pour l’instant. C'est ce retard qui désole au sein de la communauté. «On ne voit nulle part dans les pays démocratiques le système électoral changer 4 mois avant les élections», remarque Bouallam Azahoum de l’association El Ghorba. Pour lui, ce qui se passe actuellement «n’est que de l’agitation pré-électorale».
A l’association Amewa qui est l’une des signataires de l’appel d’Amiens, on se dit à bout de souffle. «Que peuvent faire les MRE sans création de circonscription ?», se demande la présidente, Latifa Chakri. «C’est cela qui donne un sens à la représentativité parlementaire. Si on avait des parlementaires, ils seraient à l’écoute de la communauté, comme le fait déjà la France, la Tunisie et l’Algérie ou encore plus récemment le Sénégal», ajoute-t-elle.
Fervent défenseur de l’application des droits constitutionnels des Marocains de l’étranger, le président de Cap Sud MRE, Salem Fkire, estime positifs les efforts de la diaspora pour la reconnaissance de ses droits au Maroc. Mais, tient à nuancer : «ce qui est important, c’est la création de circonscriptions. C’est la seule façon d’accorder aux MRE une représentativité qui soit conforme à la loi». Il a toujours considéré le souci logistique avancé par le ministère de l’Intérieur comme une «échappatoire». Et de s'interroger : «On organise la COP22 et ont n’est pas capable d’organiser les élections à l’étranger ?».