France : « La laïcité n'est pas en danger », le bilan apaisant de Jean Louis Bianco

«Il n’y a pas besoin de lois nouvelles [sur le voile à l’université notamment]» pour sécuriser la laïcité. C’est la conclusion de Jean Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laicité qui a présenté hier le rapport annuel de l’institution, rapporte l'AFP.

«Décalage entre la réalité et une partie des médias»

M. Bianco reconnait qu’il y a «des pressions communautaires, des tensions plus fortes depuis quelques années, mais les cas les plus conflictuels ne nous semblent pas en hausse nette, même si tout ne nous remonte pas». Conscient qu’il faille tout de même y remédier, l’ex-secrétaire général de l’Elysée estime la loi claire sur la définition de la laïcité, ainsi que les limites à ne pas franchir. Pour lui, «appliquer la loi avec fermeté, […] mais aussi avec sérénité» suffit pour mettre «des barrières» aux pressions communautaires tout en discutant «calmement» de laïcité.

En appelant les Français à plus de sérénité par rapport à la question de la laïcité, Jean Louis Bianco s’appuie sur un travail de terrain. Devant les journalistes, il a en effet souligné «un décalage» entre la réalité rencontrée sur le terrain lors des enquêtes de l’Observatoire et «l’image qu’une partie du système médiatique donne» des problèmes liés à la laïcité. Pour lui, il s’agit d’une «instrumentalisation dangereuse et trop courante de la laïcité», qu’il va falloir, tout comme les «replis identitaires» traiter en appliquant le droit, «ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, et sous quelles conditions».

Apaisant pour les musulmans

Avec ce nouveau rapport, l’Observatoire de la laïcité rompt une fois de plus avec le discours alarmiste diffusé par les médias et hommes politiques ces dernières années. Une petite lueur d'apaisement pour les musulmans de France qui ont été la principale cible du débat assez houleux autour de la laïcité.

En effet, certaines personnalités ont été très virulentes et chaque fois, les musulmans se trouvent être les principaux visés. En octobre 2015 encore, un incident désagréable créé la polémique lorsqu’une journaliste turque se voit sommée de retirer son voile à la cérémonie de remise du «Prix de la laïcité» à Paris. Même le Pape François lors de sa visite en France en mai dernier n’a pas pu se retenir. «La petite critique que j'adresserais à la France à cet égard est d'exagérer la laïcité», déclarait le leader de l’Eglise catholique, estimant que les femmes musulmanes devaient être libres de porter le voile tout comme un catholique porterait une croix.