Son père, un Sahraoui, arrivé en France en 1971 pour y travailler. Rachid y est né en septembre 1979, dans la ville de Limoges, dans le Limousin. Il y vit une enfance qu’il qualifie lui-même de «très heureuse» auprès d’une mère protectrice, et d’un père pieux, et attaché à la réussite scolaire de ses enfants.
«C’était l’un des rares pères à demander des rendez-vous avec les professeurs pour faire le point sur mes résultats scolaires», nous confie Rachid. Avec un tel encadrement, et le travail aidant, Rachid tire bien son épingle du jeu, ne se laissant pas entrainer dans un «milieu où le niveau scolaire était faible». Sans doute parce qu’il est l’un des meilleurs, il quitte les établissements aux résultats chaotiques de la cité, pour des établissements plus huppés du centre-ville. Seul étranger de sa classe de 40 élèves, confronté à une réalité bien différente de celle de son quartier d’enfance, il réalise alors combien «on peut partir de loin et par la hargne et le travail s’accrocher et réussir».
C’est d’ailleurs ce principe qui va le guider le reste de son parcours académique. Son baccalauréat scientifique lui ouvre les portes des classes préparatoires HEC. Deux ans plus tard, il intègre l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de Bordeaux, avant de finir ses études en Finlande à la Helsinki School of Economics.
Vie professionnelle : Le choc du plafond de verre
Fraîchement diplômé de l’ESC de Bordeaux, Rachid n’a aucune peine à trouver du travail dans une France «où la culture du diplôme est forte», nous confie-t-il. Mais les entreprises françaises, où la culture du préjugé est toute aussi forte, n’offriront certainement pas au fils d’immigré qu’il est, le parcours professionnel qu’il mérite.
C’est donc chez la filiale parisienne d’une société américaine (Delphi) qu’il débute, dans le service «Achats». Mais là, pas facile de réussir si on ne peut pas avancer. «Trop jeune pour accéder à des postes de management direct et ce, même si on vous dit que vous êtes le meilleur....c’est pour cela que j’ai quitté Paris pour Londres», nous explique- t-il.
Il vivra dans la capitale britannique, ce qu’il considère comme «une expérience professionnelle et humaine extraordinaire à vivre». Une expérience qui commence lorsqu’il est contacté par un cabinet de recrutement mandaté par les laboratoires pharmaceutiques MERCK, qui établissaient un nouveau département Achat pour la région Europe Moyen Orient Afrique. Même si rien ne le prédestinait à atterrir outre-manche, Rachid saisit l’occasion.
Hal’shop, son grand projet
«Je me suis toujours senti rapidement à l’étroit dans les fonctions que j’ai occupé. Je savais au fond de moi, qu’un jour, je viendrais à l’entrepreneuriat», nous confie-t-il. Amateur de bonne cuisine, il se rend compte qu’il y a un réel besoin en France, où comme lui, de nombreux musulmans aimeraient goûter à certaines saveurs typiques de l’Occident, sans s’écarter des principes de l’islam.
Profitant de la vague de succès que connait le halal, il lance son affaire, un supermarché entièrement dédié aux produits halal : Hal’Shop est né. Avec les plus de 5 millions de musulmans que compte la France, il fallait y penser. Malgré les difficultés inhérentes au lancement, Hal’shop est un succès. A tel point que Rachid voit grand et souhaite développer le concept en multupliant les points de vente.
Ce portrait a été précédemment publié dans le numéro 3 de Yabiladi Mag (janvier 2011)